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Islande : l'aquaculture dessine son avenir

Leader mondial en élevage d'omble chevalier, l'Islande produit de plus en plus de saumons en mer mais à petite échelle, comparé à la Norvège. Grâce à la géothermie, les fermes à terre optimisent la production de salmonidés, de soles et de lompes.

Einar K. Guðfinnsson (à gauche) et Kristjan Th. Davidsson (à droite), les représentants de Landssamband Fiskeldisstöðva, l'organisation islandaise des aquaculteurs

La salmoniculture islandaise prend son envol après deux phases critiques et la réticence des investisseurs nationaux vis-à-vis d’une jeune industrie. « La troisième vague de projets d’élevage de saumon est porteuse d’espoir, avec une production de 10 000 à 12 000 tonnes escomptées cette année et près du double en 2018. La profession s’est structurée et les autorités encouragent l’arrivée des Norvégiens, avec leur savoir-faire aquacole, dans le capital des entreprises islandaises », remarque Einar K. Guðfinnsson, président de l’organisation aquacole Landssamband Fiskeldisstöðva.

Cinq compagnies disposent aujourd’hui de licences pour le saumon, à hauteur de 25 000 tonnes, dans deux grandes zones de fjords, l’une au nord-ouest, l’autre à l’est du pays. Là, où l’absence de rivières à saumons sauvages évite les échanges avec les élevages.

L’Islande est très stricte sur la préservation de sa ressource en saumons sauvages et le lobby de la pêche récréative fait pression dans ce sens. Quitte à s’opposer frontalement aux élevages de saumon, même s’ils présentent des garanties de production moins intensive qu’en Norvège. « Nous représentons une goutte d’eau dans la production mondiale. Et, je crois à une croissance raisonnée. Cela induit des coûts de production plus élevés. Nos prix de vente sont nécessairement supérieurs mais le saumon islandais se destine à des marchés haut de gamme. », souligne Omar Gretarsson, responsable des ventes d’Arnarlax, le premier producteur islandais.

« Le Marine Institute islandais évalue la biomasse possible dans chaque fjord. Son approche de précaution permet de tabler sur un potentiel de 100 000 tonnes en Islande. Les producteurs attendent de nouvelles licences sur les sites actuels, mais personne ne sait s’il y aura de nouvelles zones de production en mer », ajoute Einar K. Guðfinnsson.
Soumise également à des limitations de sites, la pisciculture de truites arc-en-ciel avoisine 2 500 tonnes et compte deux principaux producteurs à l’est du pays.

Avec l’omble chevalier, l’Islande s’est hissée au premier rang mondial dans l’élevage de ce noble salmonidé vendu plus cher que le saumon à l’export. Samherji est l’un des leaders sur cette espèce. La production islandaise oscille entre 4 000 et 5 000 tonnes par an dans des fermes à terre alimentées par d’abondantes sources d’eau froide et d’eau chaude souterraine.

À Grindavik, la nouvelle ferme de Matorka lance une première tranche de production dans six grands bassins en ciment qui fonctionnent en système de recirculation partielle à des densités élevées. Les premiers abattages d’ombles sont prévus en septembre.

La géothermie offre des conditions particulièrement avantageuses de températures et une source d’énergie gratuite qui permet à l’aquaculture de développer d’autres espèces que l’omble. Selon Landssamband Fiskeldisstöðva, Stolt Sea Farm produirait quelque 500 tonnes de sole sur un site à terre à Hafnir, dont une partie en grosse taille, des « King sole » de 500 à 1 000 grammes.

Reconnu à l’export dans la production d’œufs de saumon, le sélectionneur Stofnfiskur, également basé à Hafnir, développe l’alevinage de lompe, en augmentant ses capacités de production. Face à une demande croissante de poissons épouilleurs par les îles Féroé et l’Écosse, l’écloseur islandais table sur une production de deux millions d’alevins de lompe et autant d’œufs en 2017.

Bruno VAUOUR

 

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