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La Norvège ménage ses stocks d’or rose

(Crédit photo :DR)

 

 

 

 

 

 

 

 

Malgré une hausse de la demande mondiale,
la production norvégienne de saumon 
ne peut que stagner en 2017. Les tonnages limités
par les autorités visent à contrôler  les risques
de développement de poux de mer.

 

 

 

[ 3 tendances ]

Davantage de fermes certifiées
10 % des fermes aquacoles norvégiennes sont engagées, pour la plupart avec succès, dans une démarche de d’écocertification ASC (Aquaculture Stewardship Council) souhaitée par les distributeurs européens. Parmi les 100 sites de production concernés, on compte ceux de Marine Harvest, Leroy Cemaq, Norway Royal Salmon, Salmar…

◗ Développement
de l’offshore

De nouvelles licences, hors quotas d’élevage en fjords, pourraient être accordées pour les projets en haute mer, tel l’Ocean Farm Project développé par Salmar dont le coût est estimé à 80 M€. Objectif : soutenir l’innovation. Déjà, ces licences ont abouti à des concepts intéressants. Les autorités doivent les évaluer et les approuver.

1 % de bio
La Norvège produit 16 000 tonnes de saumon bio, soit 1 % de sa production globale. Des licences spéciales sont exigées pour ce type de production. Selon Are Kvistad, de la fédération norvégienne des produits de la mer, « la demande en bio progresse lentement et les producteurs préfèrent négocier des contrats à long terme ».



 

Fjords aux eaux cristallines, grands espaces et côtes sauvages, la Norvège offre un royaume sur mesure au salmo salar. Chaque année, plus de la moitié de la production mondiale de saumon, soit 1,2 des 2,1 millions de tonnes, sort des quelque mille fermes aquacoles réparties sur le long littoral du royaume scandinave. Alors que la demande mondiale n’a jamais été aussi soutenue, à l’heure où le Chili, numéro deux mondial de la salmoniculture, est affaibli par les blooms de micro-algues dévastant ses parcs, la Norvège domine plus que jamais le marché de l’or rose.
Elle donne le « la » sur les cours, en contrôlant sa production. Pour 2017, les autorités norvégiennes ont choisi de ne pas l’accroître et de se limiter aux tonnages de 2016. « Cette décision n’est pas due à des contraintes environnementales », précise Are Kvistad, représentant de la fédération norvégienne des produits de la mer. L’espace est en effet loin d’être saturé. L’ensemble des parcs, bien répartis sur l’immense littoral, ne représente que 420 km2, soit la surface d’une petite île norvégienne. Par ailleurs, les techniques et les conditions d’élevage très encadrées – avec des niveaux de densité maîtrisés, des rejets limités, des traitements sans antibiotiques… – permettent de minimiser les répercussions sur l’environnement.

Et les efforts se poursuivent, notamment sur le front de l’alimentation des saumons. Désormais, 70 % des matières premières utilisées dans les fermes norvégiennes sont d’origine végétale. « Les efforts de R & D ont permis de réduire la quantité de farines et d’huile de poisson sans mettre en péril le bien-être et la qualité du saumon », souligne Ingvild Eide Graff de l’Institut national de la recherche sur la nutrition et produits de la mer (Nife). Dans les années 1990, farines et huile de poisson représentaient près de 90 % de l’alimentation. Pour limiter les coûts de production, comme pour limiter l’impact environnemental, l’industrie aquacole n’a eu de cesse de limiter cette part. Dans le saumon, « elle est descendue à 30 %. Un niveau suffisant pour assurer les bons niveaux d’oméga 3 et d’acides gras (EPA et DHA) », rassure la spécialiste, alors qu’une étude de l’Université de Stirling fait débat au Royaume-Uni : en dix ans, le niveau d’oméga 3 dans le saumon d’élevage a été divisé par deux.
Alors, pourquoi les autorités norvégiennes laissent-elles les cours flamber, en mettant un coup de frein sur la croissance de leur production ? La raison officielle est d’ordre sanitaire. Il s’agit de prévenir l’apparition des parasites. « Aujourd’hui, une réglementation très stricte existe pour garantir des bas niveaux de prolifération du pou dans les fermes, explique Are Kvistad. Ceci afin de protéger les saumons sauvages vivant le long des côtes norvégiennes. »

Pour lutter contre les poux de mer, des investissements massifs ont été consentis et les méthodes biologiques – élevage de poissons nettoyeurs, comme la vieille et le lompe – se développent, entraînant un surcoût de production de l’ordre de 550 millions d’euros. Pour l’heure, la Norvège n’envisage donc pas d’élever sa production en 2017 quitte à laisser libre cours à la spéculation sur son produit phare à l’exportation. Et les pisciculteurs ne mettent pas la pression pour que cela change. Pour bouger et investir, ils attendent d’en savoir plus sur le nouveau système de régulation de la salmoniculture que prépare leur gouvernement.

Jean-Marie LEGAUD

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