De la nécessité d’importer
L’industrie européenne du poisson doit compter sur les pays tiers pour s’approvisionner en matière première. Le déficit structurel justifie l’établissement de contingents à droits de douane nuls ou réduits pour maintenir leur compétitivité. Bruxelles a ré
Principaux contingents tarifaires Colin d’Alaska : 320 000 t |
Dépendante à 72 % des importations des pays tiers, l’Union européenne est le premier marché de produits de la mer en valeur dans le monde (1). En 2017, plus de 9 millions de tonnes sont entrées ainsi dans l’UE. Satisfaire la demande des 28, estimée à 12,7 millions de tonnes, impose aux industriels d’importer du poisson matière première ou semi-transformé, si possible à taux réduits ou en franchise de droits. À cet effet, Bruxelles a repris le règlement sur les contingents tarifaires autonomes (QQA) applicables en 2019 et 2020. Le texte fixe également les règles de gestion de ces contingents. Compte tenu des changements potentiels liés au Brexit, le nouveau règlement s’applique sur deux ans au lieu de trois. La gestion des contingents par la Commission et les États membres fonctionne selon le principe du premier arrivé, premier servi. Les grandes familles de produits concernées sont d’abord les poissons blancs, les thonidés, les céphalopodes, les crevettes et les saumons du Pacifique. Plusieurs contingents s’affichent à la hausse à commencer par le colin d’Alaska, le premier poisson importé, le cabillaud, le surimi base, les longes de thon, les poissons plats et les crevettes vannamei. Troisième pays consommateur derrière le Portugal et l’Espagne, la France est loin d’être autosuffisante. Une récente étude (2) réalisée par le cabinet AND à la demande de FranceAgriMer souligne la forte dépendance des transformateurs français en matière première importée. Les conserveurs sont particulièrement concernés avec plus de 86 000 tonnes de maquereau, sardine, thon, anchois utilisées pour une production de 58 900 tonnes. Cela nécessite à la fois d’importer de la matière première congelée, le plus souvent, et aussi des produits finis. Finalement, le poisson en boîte élaboré en France ne couvre que 28 % des besoins. La dépendance des fumeurs de salmonidés est encore plus forte car la France importe la quasi-totalité du saumon matière première en frais et en congelé. La situation est meilleure en truite, même si l’offre nationale est insuffisante et que l’import s’avère nécessaire. Le produit fini est toutefois élaboré en France, à hauteur de 90 % du marché national. Les cuiseurs français de crevettes dépendent totalement des importations en provenance des élevages tropicaux. Sur les 88 500 tonnes importées en France en 2016, 50 000 arrivent en blocs surgelés chez les cuiseurs. Les outils de cuisson français alimentent à 99 % le marché hexagonal. L’industrie du surimi est structurellement importatrice en surimi base avec 18 000 tonnes importées contre 4 000 produites par la France. Les industriels français fabriquent néanmoins 93 % des produits finis consommés sur le sol national. Reste un gros morceau, celui des poissons blancs congelés importés en blocs pour la production de filet pané. La dépendance est totale en colin d’Alaska, elle dépasse 90 % pour le cabillaud et le lieu noir. Avec cette matière première, les industriels français réalisent 85 % des panés consommés dans le pays. Quel que soit le type de matière première, quatre grands critères d’achat émergent. Le tandem disponibilité-prix, la qualité au travers des critères techniques retenus par les cahiers des charges, l’écolabellisation ou pas, l’origine. Ce dernier critère joue en effet sur l’image, voire la qualité, du produit fini. Sur certains marchés, l’origine France, aussi limitée soit-elle, apporte un plus, contrairement aux pays asiatiques. Bruno VAUDOUR |
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