Thomas Rimaud, chargé de mission à l’OP Pêcheurs de Bretagne
PdM : Comment mieux valoriser la langoustine du golfe de Gascogne ?
T.R. : En travaillant sur sa vivacité ! Depuis les années 2000, les langoustiniers se sont massivement équipés de viviers, qui fonctionnent par aspersion ou par immersion. Dans le premier cas, les caisses de langoustine sont glissées dans des armoires et un système d’eau de mer réfrigérée les asperge par le dessus. Dans le second, les langoustines sont immergées dans l’eau de mer. Un choix réalisé par ceux qui font des marées de 24 heures ou plus, pour préserver la vivacité du crustacé. Cette dernière joue sur le prix de vente en criée, mais aussi sur les possibilités à approvisionner des grandes villes de France en langoustine vivante.
C’est l’objet d’un projet que nous lançons cet été avec l’ensemble des acteurs de la filière (producteurs, mareyeurs, transporteurs…). Nous souhaitons optimiser la durée de vie de la langoustine, pour la faire connaître en dehors de l’ouest de la France. Chaque maillon a un rôle à jouer, doit trouver le bon réglage. À bord, cela passe par la qualité de l’eau, la température, l’oxygénation, la taille des bulles, l’emploi d’un écumeur ou non… Le conditionnement dès la capture, qui permettrait d’aller jusqu’au consommateur en limitant la manipulation, est une autre piste de réflexion.
Les conditions de mise en vente dans les halles à marée vont aussi être étudiées. Faut-il ou non un retrempage en vivier ? Faut-il favoriser la brumisation proposée à Lorient ou le douchage d’eau glacée proposé à Loctudy ? Côté logistique, nous allons tester différentes modalités de transport : classique, en eau brumisée ou en vivier. L’objectif de l’étude en cours est de trouver les bons paramètres techniques, tout en tenant compte du facteur économique. Chaque action a un coût, mais il doit être supportable pour le consommateur.
Les consommateurs sont sensibles aussi aux efforts menés pour préserver les ressources. Est-ce un point fort de la langoustine du golfe de Gascogne ?
T.R. : Oui, parce que l’OP Pêcheurs de Bretagne, qui regroupe la plupart des navires sous licence pour la langoustine, a imposé une taille minimale de capture de 9 cm au lieu de 7,5 en Europe. Les systèmes de sélectivité, comme les panneaux à mailles carrées pour le merlu (plus ouvertes) ou comme ceux qui concernent la langoustine même (cul en 80 mm, mailles carrées en partie basse ou grille sélective) sont obligatoires depuis 2004 et 2008. Ils sont le fruit de collaborations avec les scientifiques de l’Ifremer. Ces dernières se poursuivent, pour améliorer encore les bonnes pratiques avec la volonté affichée de « trier sur le fond plutôt que sur le pont ». Cette année, il est devenu obligatoire d’installer un dispositif de remise à l’eau des langoustines hors taille, avec une goulotte qui part de la table de tri vers la mer. Le projet Surtine a en effet démontré que la langoustine était une espèce dont le taux de survie dépassait les 50 % en cas de rejets.
Enfin, pour éviter les pics de production, qui déstabilisent les cours et les marchés, l’OP a pris des mesures pour lisser les apports et optimiser l’usage des quotas. Elle fixe des limites de captures par homme et par navire, ainsi que par vente et par criée.
Retrouvez notre dossier complet : Langoustine : un crustacé, des marchés…
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