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Poissonnerie Orlac’h à Pleyben (Finistère)

CARTE D'IDENTITÉ

Poissonnerie Orlac’h

Adresse : Place Charles
de Gaulle,
Pleyben (Finistère).

Surface : environ 80 m².

Effectif : 2 ETP.

CA : nc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La maison Orlac’h est une belle exception à la règle de la disparition des poissonneries en milieu rural, laminées par la grande distribution. Ici, l’impact du confinement a été supportable.

tl_files/_media/redaction/4-Les-pros-ont-la-parole/Regards/2020/202006/02_Orlac'h.jpgDans un hameau isolé de Lannédern, une nouvelle cliente, à l’occasion du confinement.

 

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L’églefin de fin de marée des hauturiers soigneux est privilégié. Ici, celui du Pedra Blanca, franco-espagnol, qui vend en partie à Concarneau..

 

La boutique à la façade bleue n’a fermé qu’un seul jour, en début du confinement, faute de poissons blancs. À Pleyben, commune rurale du centre-Finistère, où l’amateur de belles pièces de poissons fins entiers est rare, Romain Orlac’h assure bien plus de la moitié de son chiffre, avec du filet d’églefin, de lieu jaune, de merlu, voire de tacaud. La découpe sévère, sans arête, lui permet toutefois une bonne valorisation des gadidés, achetés entiers, tous les jours de criée à Concarneau, et un peu au Guilvinec. Ces filets sont l’un des piliers du modèle économique de l’entreprise familiale.

Hormis quelques brochettes maison, il n’y a pas d’activité traiteur, l’investissement en matériel freinant, pour l’instant, le dirigeant. En revanche, la demande en coquillages et crustacés, et notamment de langoustine vivante, qu’il faut avoir tous les jours, est importante. Les cuissons et les plateaux sont effectués dans le laboratoire attenant au magasin. Dans un département parmi les plus préservés du virus, l’artisan poissonnier s’estime plutôt épargné par la crise économique liée au Covid-19, il n’a connu qu’une légère baisse d’activité. Il aurait même récupéré des clients habitués aux rayons marée des grandes surfaces de Quimper et Châteaulin, confinés, en télétravail, à Pleyben. Les deux supermarchés locaux, dont un récent, n’offrent que des barquettes dans un meuble en libre-service, leur présence n’a jamais inquiété Romain Orlac’h. Et la tournée du jeudi dans les Monts d’Arrée a repris du poil de la bête. Elle a permis plus que jamais d’aller à la rencontre d’une population âgée, dans des hameaux enclavés : presque une mission de service public, en ces temps d’entraide solidaire !

Début mai, la convivialité était toujours de mise, malgré la limitation à deux clients à la fois, devant l’étal. « Terminés, ces semis de maïs ? », s’enquiert Romain Orlac’h, de son humeur joviale. « Oui, avec le beau temps ! », répond un éleveur laitier, fidèle client amateur d’églefin. « La saison de langoustine s’annonce bien aussi », poursuit l’as du couteau à fileter. À Pleyben, fin avril, entre terre et mer, on se projetait déjà sur les récoltes et captures post-confinement.

Reportage : Lionel FLAGEUL

 

La troisième génération derrière l’étal

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En dates  

Années 1960
Marcel Orlac’h, poissonnier itinérant, basé à Braspart.

2001
Ouverture d’une poissonnerie à Pleyben par son fils Denis et Joëlle Orlac’h.
Formation en alternance de leur fils Romain, 16 ans.
Poursuite de l’activité itinérante.

2014
Reprise de l’entreprise par Romain, 29 ans.
Denis, en retraite, et salarié à mi-temps.

 

À quelques mois près, en 2001, le début de la formation en alternance de Romain Orlac’h a coïncidé avec l’ouverture de la poissonnerie familiale sur la grande place de Pleyben, au rez-de-chaussée d’un ancien commerce. Il va suivre la filière CAP-BEP de poissonnier-traiteur au lycée maritime du Guilvinec, et devient salarié, à 16 ans, de l’entreprise de ses parents.

Denis et Joëlle Orlac’h veulent déjà préparer l’avenir, ils perçoivent que leur activité de poissonniers ambulants itinérants, en porte-à-porte dans les Monts d’Arrée à partir de leur domicile de Braspart, va décroître, et ne sera plus suffisante. Il faut combiner les deux activités, s’appuyer sur une boutique, tout en continuant les tournées initiées par Marcel, le père de Denis, dès les années 1960, avec le mythique fourgon Citroën HY, en tôle ondulée.

Romain Orlac’h a toujours été intéressé par le métier de ses parents. Tout gosse, en accompagnant son père, il avait découvert, fasciné, les milliers de caisses de poisson des chalutiers hauturiers, industriels et artisans, à la criée de Concarneau, naguère la troisième de France.

Il a 29 ans lorsqu’il rachète l’affaire de ses parents, en 2014, à leur retraite. Relative pour le père, puisque Denis assure toujours les achats à Concarneau, il est passé salarié à mi-temps du fils. Celui-ci travaille principalement à la boutique, dès 6 heures. Valérie Flammer est l’autre salariée, à 24 heures par semaine. Elle est chargée des tournées du mardi et vendredi matin vers Plonevez, le jeudi dans les Monts d’Arrée, et assiste Romain Orlac’h au service à la boutique le samedi matin.

L’activité est globalement stable. Comme prévu, la boutique est montée progressivement en puissance, tandis que les tournées ont baissé, avec leur clientèle vieillissante, qui ne se renouvelle pas assez. Mais le prochain défi, et non des moindres, sera de trouver une nouvelle organisation du travail lorsque Denis Orlac’h souhaitera vraiment passer la main. Pour l’heure en pleine forme, il a toujours plaisir à voir ses vieux copains à la criée, tout en aidant son fils.