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PHILIPPE GENDREAU, PRÉSIDENT DU GROUPE

“ Il faut que les acheteurs osent prendre des risques, mettent en avant les petites marques ”

 

 

 

Le président du groupe familial éponyme se réjouit de voir le marché des conserves de poisson progresser, notamment sur le segment des conserves de qualité. Mais pour soutenir la croissance et l’emploi de son groupe, Philippe Gendreau mise désormais sur l’export, notamment sous marques de distributeurs. L’idée d’attaquer de nouveaux marchés n’est pas exclue. Sous réserve d’opportunités.

 

 

 

 

En 5 ans, dans un contexte économique morose, le chiffre d’affaires de la conserverie Gendreau a progressé de 50 %. 90 personnes ont été recrutées. Les conserves de poisson sont-elles des produits de crise ?

Oui et non. Bien sûr il s’agit d’un produit fond de placard, pas trop cher, que l’on peut utiliser facilement pour cuisiner. Mais les Français ne se précipitent plus sur la catégorie de conserves de poisson la moins chère. Au contraire, ils souhaitent se faire plaisir et optent pour des produits plus gastronomiques, à l’origine bien définie. Nos produits s’inscrivent dans cette logique. Dès que possible nous favorisons les approvisionnements locaux. Nous avons tissé des liens de partenariat avec les pêcheurs de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ville reconnue comme site remarquable du goût pour ses sardines. Nous les achetons toujours au meilleur de la saison. Une large partie est travaillée fraîche, une autre est congelée pour être travaillée hors saison. Afin d’offrir un débouché à une partie des 700 tonnes de quotas d’anchois détenues par la flottille de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, nous avons démarré une petite production d’anchois emboîtés à la main.
Dès que nous pensons qu’une espèce locale sera disponible en volumes sur la durée, nous tentons de mettre des choses en place. Nos maquereaux, par contre, viennent d’Écosse ou d’Irlande. Nous n’avons pas le choix pour assurer la croissance de l’entreprise. Cela dit, notre progression est surtout liée à l’activité plats cuisinés. Une partie de la production des barquettes individuelles est réalisée sur le site de Vif Argent, racheté en 2006. Récemment, nous avons investi 6 M€ dans l’usine pour réorienter une partie de sa production vers des plats chauds. Le segment des salades en conserve, sur lequel Vif est un acteur important en MDD et sous-traitance, est en décroissance. La fabrication des plats cuisinés pour des acteurs comme Barilla offre un relais de croissance. Les process, comprenant beaucoup d’assemblages, sont assez proches.

Après l’affaire du scandale de la viande de cheval, on pensait le secteur des plats cuisinés sinistré !

Comme pour nos conserves de poissons, nous avons travaillé sur la qualité des ingrédients et le faisons de plus en plus. C’est payant. Nous progressons de 26,1 % en volume et de 27,1 % en valeur sur un marché en baisse de 4 %. Les enseignes nous référencent de plus en plus. Il est important qu’elles redonnent du choix aux consommateurs et s’appuient sur les PME pour se faire concurrence.
En bataillant sur les marques nationales, la grande distribution fait son propre malheur. Elle ne fait plus de marges sur des marques leaders que les gens stockent lorsqu’elles sont en promotion à des prix inférieurs aux marques de distributeurs. Ce n’est pas durable. La France est l’un des rares pays qui a connu une déflation alimentaire de 1,5 %. Ce n’est nullement le reflet de nos coûts de production. C’est signe de destruction de valeur. Pour changer la donne, il faut que les acheteurs osent prendre des risques, mettent en avant les petites marques. Aujourd’hui, nous réalisons 40 % de notre chiffre d’affaires sous notre marque et 60 % en MDD. J’espère pouvoir revenir à un 50/50.

L’univers du frais, plus important que l’épicerie pour les plats cuisinés, vous intéresse ?

J’y pense en me rasant le matin ! (sourire) Trêve de plaisanterie, nous n’entrerons dans l’univers du frais que par croissance externe. Pour grandir harmonieusement, il faut respecter les cultures de chaque entreprise et a fortiori, les cultures des univers. En conserves, nous sommes habitués à travailler du stock, le frais exige des flux tendus. Cela ne s’improvise pas. Pour grandir davantage, je mise d’abord sur l’export. Mon ambition : passer de 2 % à 20 % du chiffre d’affaires en 5 ans. Mes marchés cibles sont l’Europe de l’est et les pays nordiques, que nous attaquerons plutôt en marques de distributeur. Il faut trouver des relais de croissance, innover et restaurer la confiance. Pour y parvenir, je crois qu’il faut jouer la transparence auprès des consommateurs. Mais encore faut-il que l’on nous accorde du crédit

 

     
  Le groupe Gendreau emploie 360 personnes. Le chiffre d’affaires 2013 a atteint 65 M€,  dont 40,5 réalisés par la conserverie familiale fondée en 1903, très attachée au savoir-faire traditionnel et à l’environnement local. Avec l’opération « Fiers de nos sardines », le groupe Gendreau soutient ceux qui aident les pêcheurs en difficulté : la SNSM. Tout un symbole.  
     

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