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« Les produits frais origine France sont très appréciés »

(Crédit photo : DR)

 

Thomas Haudrechy,
Responsable ventes Foodservice & Industrie
de produits de la mer chez Bell Seafood

 Les produits frais
origine France
sont très appréciés  ”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ancien acheteur pour la chaîne de supermarchés suisse Manor, Thomas Haudrechy
évolue désormais chez Bell Seafood, plus gros importateur de produits de la mer du pays
et fournisseur de poisson en GMS et en gastronomie. Grâce à son expérience, il possède
une vision d’ensemble du marché suisse et de ses spécificités.

 

Bell Seafood : 8 000 tonnes de produits de la mer importées par an

 

ZOOM sur la Suisse

9 kg
Consommation annuelle moyenne
de produits de la mer par habitant.

90 %
Part des produits de la mer consommés issus de l’import

 
Concentration
Le secteur de la grande distribution est dominé par deux acteurs : Coop et Migros. Ils représentent 80 % du marché. Aldi et Lidl ne représentent à eux deux que 2,8 %. D’autres détaillants existent comme Manor, Spar, Volg, Denner… Les habitants ont un fort pouvoir d’achat, ils recherchent des produits bio et sont sensibles au bien-être animal.


Importations
L’Allemagne, la France et le Vietnam sont les trois plus gros fournisseurs de produits de la mer en Suisse. La France a enregistré une augmentation de ses exportations de produits de la mer de 38 % entre 2013 et 2018, selon le dernier rapport Où exporter de Business France. Elle représente désormais 11 % des apports de la Suisse.

 

 

 

PDM : Comment se présente le marché suisse ?
Thomas Haudrechy : Comme dans chaque pays, vous avez les grandes surfaces, les restaurateurs et les établissements haut de gamme. Chez Bell Seafood, nous fournissons les GMS ainsi que des grossistes en produits de la mer frais et surgelés. La consommation se répartit à moitié en frais et moitié en surgelé. Jusqu’à il y a deux ans, on observait une augmentation de la consommation. Depuis, la consommation s’est stabilisée. Le prix des produits en Suisse est en général plus élevé qu’en France. En effet, les distributeurs français utilisent souvent la poissonnerie comme un rayon d’appel, sans dégager beaucoup de marges.


Quels sont les besoins des importateurs ?
T.H. : Les labels de durabilité sont très importants en suisse. On va retrouver des produits labellisés MSC ou Friend of the Sea. Bell Seafood s’approvisionne beaucoup en produits MSC et va les privilégier. Sur la sole par exemple, presque tous les volumes viennent actuellement de Belgique et des Pays-Bas car ces origines sont certifiées par le Marine Stewardship Council. Comme nos volumes ne sont pas aussi importants qu’en France, il nous arrive de passer par des grossistes en France qui commandent en gros volumes.


Quelles sont les attentes des clients et des consommateurs ?
T.H. : Les Suisses consomment beaucoup de filets. L’entier se vend plutôt en Suisse romande. C’est d’ailleurs dans cette partie du pays que se concentre la majorité de la consommation de poisson, alors que la population y est bien moins nombreuse qu’en Suisse allemande. Dans la gastronomie, les grosses ventes se font en Suisse romande. Il y a aussi des communautés italiennes qui consomment beaucoup de vongoles, les palourdes italiennes. Il y a aussi une grande communauté portugaise qui consomme du bacalhau.


Les Suisses cherchent-ils des produits locaux, bien que le pays ne possède pas de façade maritime ?
T.H. : Absolument. L’aquaculture est bien présente en Suisse et les consommateurs sont très demandeurs de produits locaux. De nombreuses espèces comme le saumon, la perche ou l’esturgeon sont élevées dans le pays. Swiss Lachs fume son propre saumon élevé à terre dans les Alpes. Swiss Shrimp produit également des crevettes en circuit recirculé à côté de Bâle. Il y a une demande locale dans tous les segments des produits de la mer mais cela a un coût. Les crevettes locales coûtent environ 120 francs suisses (110 euros) le kilo contre 50 pour des crevettes décortiquées d’import. Sur certaines espèces locales, sauvages, la demande dépasse même la production. Pour la perche et la féra, par exemple, il y a des manques tous les jours.


Comment sont perçus les produits français ?
T.H. : L’origine Bretagne et Normandie font rêver sur les produits frais. La France est un partenaire privilégié pour les poissons haut de gamme. Les Pays-Bas sont un gros concurrent sur le carrelet et la sole et l’Allemagne est une origine privilégiée concernant les produits fumés. Les céphalopodes viennent principalement de l’océan Indien car le marché est peu développé. Et les huîtres sont françaises, bien sûr, et principalement demandées pendant les fêtes.

Propos recueillis par Guillaume JORIS

 

 

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