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« Le marché espagnol est très exigeant »

 

Mercedes Domingo Valenzuela
et Christophe Pignol,

présidente et directeur

 

 

Le marché espagnol
est très exigeant ” 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Basée à Barcelone, la société Ibérik Marée réalise 80 % de son activité avec de la prestation
de services pour des mareyeurs espagnols. Présidée par Mercedes Domingo Valenzuela et dirigée par Christophe Pignol, son compagnon, cette entreprise, créée en mars 2017, achète aussi des produits de la mer en France pour les revendre sur le marché espagnol. Une activité qu’elle débute.


Ibérik Marée : 10 partenaires en Espagne – 50 clients en France



ZOOM sur l’Espagne

La consommation de produits
de la mer
45,2 kg/an/hab


Les ménages y dépensent le plus
L’Espagne est en tête des pays de l’Union européenne pour les dépenses des ménages pour les produits de la mer. Avec un total de 10,5 milliards d’euros en 2016, soit une progression de 3 % par rapport à 2015, l’Espagne a subtilisé la première place à l’Italie. La dépense par habitant s’élève, elle, à 227 euros. Elle situe l’Espagne en deuxième place, derrière le Portugal à 327 euros par habitant.

Le premier débouché de la France
Avec plus de 70 000 tonnes exportées depuis la France en 2016, l’Espagne est le premier marché à l’étranger pour les produits de la mer de l’Hexagone. Un débouché qui a progressé de 8 % en volumes entre 2015 et 2016 et de 10 % en valeur, à près de 270 millions d’euros. Le thon, le saumon et la seiche y sont les trois premières espèces vendues par les Français.


 

 

 

PdM : Comment s’organise l’activité d’Ibérik Marée ?
Christophe Pignol : Nous servons de relais commercial à une dizaine de mareyeurs espagnols dont nous vendons les produits en France. Cela représente 80 % de notre activité. Nous commercialisons aussi dans l’Hexagone des produits de la mer achetés par nos soins et, dernière corde à notre arc, nous vendons en Espagne quelques produits de la pêche française. Nous avons débuté cette activité récemment, lorsque nos principaux partenaires espagnols nous ont sollicités pour dénicher certaines espèces. Ainsi, nous commercialisons sur le marché espagnol de la coquille Saint-Jacques, de la sole, de la limande cardine, des céphalopodes et un peu de marbré, de bar et de céteau.

Que recherche le marché espagnol ?
C.P. : Ibérik Marée est une petite structure qui ne fait travailler que ma compagne et moi-même. Nous sommes positionnés sur une clientèle en France ou en Espagne qui recherche de la qualité. Nous ne vendons pas de produits qui ont traîné. Nos clients peuvent juger sur pièce. La marchandise est prise en photo. Nous les envoyons via l’application WhatsApp ou les présentons sur Facebook. Cela nous permet de nous démarquer de la concurrence.
Concernant le marché espagnol, les prix y sont bons. Les Espagnols paient cher le poisson mais sont très exigeants sur la qualité. Il ne se vend pas de filets, à part pour le saumon, le panga et la perche. 5 % de la clientèle, au maximum, va vouloir du poisson vidé. Ce dernier est considéré comme n’étant pas de première fraîcheur. L’Espagne recherche du poisson frais, entier et non vidé.

Vous achetez en France et en Espagne. Quelle est pour vous la principale différence ?
C.P. : Les chaluts en Espagne se comptent sur les doigts d’une main et ils y sont de petites tailles. Les Espagnols organisent aussi plusieurs criées dans la même journée. Ils commencent à 5 heures avec le merlu, puis à 8 heures ils passent l’écaille. À 16 heures, les ventes reprennent jusqu’à 22 heures. Des bateaux peuvent faire jusqu’à trois criées dans la journée. La qualité du produit, même si elle existe en France, est assez impressionnante en Espagne. C’est quelque chose qui m’a donné envie de créer l’entreprise Ibérik Marée et me procure du plaisir. Quand vous allez au Mercabarna, le Min de Barcelone, vous y retrouvez le parfum de l’ancien Rungis, avec des volumes délirants et une variété d’espèces inouïe.

Quelle est votre clientèle en France ?
C.P. : Pour les produits de mes partenaires espagnols, il s’agit avant tout de grosses poissonneries et de grossistes. La règle en Espagne est un paiement à 15 jours. Il faut donc avoir la trésorerie en conséquence. Les espèces vendues sont principalement l’espadon, le thon rouge ou blanc, le poisson à écailles comme le pagre, le pageot. Je vends aussi de l’oursin de Galice en saison et du saint-pierre de ligne.
Avec les produits que j’achète, je sers les poissonneries indépendantes et quelques grandes surfaces prêtes à mettre le prix. Je fournis aussi les restaurants sur des produits de niche comme le pousse-pied, l’anémone de mer, la langue de cabillaud, de merlu, la gambas.

Est-il difficile de vendre en France ?
C.P. : Le prix y est un élément clé. Et, comme le poisson est cher en Espagne dès la première mise en marché, cela n’est pas facile. Cela dit, mes clients en France savent que mes partenaires espagnols sont dans les prix du marché. Nous ne négocions pas trop les tarifs, d’autant que nous ne proposons pas non plus des volumes de folie.

Propos recueillis par Loïc FABRÈGUES