« IL N’Y A PAS UN TROP PLEIN DE CRIÉES »
Le président de l’Association des directeurs et responsables de halles à marée, Yves Guirriec invite la filière à faire fi d’idées reçues concernant le nombre des criées.
650 M€ de transactions pour 35 criées.
« La première mise en marché est aujourd'hui encadrée par le code rural et de la pêche maritime. La vente se fait par l'intermédiaire d'une halle à marée, souvent par enchères publiques. Une pratique adaptée à la majorité des espèces qui permet aussi de proposer une mise en marché loyale et transparente. Aujourd’hui, les enchères via Internet permettent aussi d’ouvrir le marché. Mais la vente peut aussi se faire de gré à gré, via un contrat de mise en vente. Cette forme de vente s’avère parfois complexe pour les criées qui doivent mettre en place des contrats bien détaillés.
Au total, 230 000 tonnes environ passent chaque sous les criées françaises pour, en 2013, 650 millions d'euros de transactions au sein des 35 halles à marée réparties sur la façade maritime. »
Un passage non obligé, et pourtant un service à forte valeur ajoutée
« Passer par une halle à marée permet de garantir une traçabilité du point de vue sanitaire, mais aussi lors des contrôles, ce qui est un point crucial pour la filière. Quand la transaction s'opère sous criée, le paiement du producteur est assuré, et les halles à marée prélèvent les redevances portuaires. En dehors des halles à marée, il n'existe de garantie pour personne.
La vente de gré à gré peut aussi être contrôlée par les halles à marée. C'est notamment le cas à Lorient, où 70 % de la production de la Scapêche (soit plus de 10 000 tonnes) fait l'objet de ventes en gré à gré. Mais ces ventes sont contrôlées, déclarées en criée, ce qui garantit l'enregistrement des transactions. Des gros volumes peuvent ainsi être traités dans des conditions sécurisées. »
Du hors criée au besoin d’un maillage important des halles à marée.
« Il existe aussi des formes de ventes en dehors des criées. Le sujet est préoccupant, car non seulement il n’existe pas de transparence sur les transactions mais en plus, la traçabilité n’est pas assurée.
Enfin, les criées ne perçoivent pas de redevances, éléments majeurs pour les gestionnaires portuaires. Pourtant, les opérateurs ont utilisé les infrastructures et les équipements du port.
Il faut prendre le contre-pied des discours qui laissent entendre qu’il y aurait trop de criées. Il existe un véritable intérêt à maintenir un maillage important sur le territoire national, et ne pas souhaiter qu’à l’avenir ne demeurent que 5 halles à marée.
Les enjeux d'aujourd'hui se centrent sur la rentabilité des protocoles. Mais il faut aussi continuer le travail mené dans les ports de publicité, de prévision des apports et de traçabilité. Il faut donc favoriser les deux types de mises en marché qui paraissent transparentes et loyales : les enchères et la vente de gré à gré encadrée par la criée. Et tous ensemble, nous devons poursuivre les efforts pour valoriser au mieux les produits de la pêche. »
Propos recueillis par Colin FAY
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