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« Il faut se positionner dès maintenant sur le marché qatari

(Crédit photo : DR)

 

Mourad Kahoul
consultant
Global Seafood International

“ Il faut se positionner
dès maintenant
sur le marché qatari ”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ancien pêcheur marseillais et président du syndicat des thoniers de Méditerranée, Mourad Kahoul est désormais responsable des achats dans l’entreprise de négoce de son oncle, Global Seafood International, à Alger. Avec plus de 40 ans d’expérience dans le secteur, l’homme d’affaires importe des produits de la mer français en Algérie, avant de les renvoyer en partie au Qatar et en Arabie saoudite.

Global Seafood International : 2 à 3 tonnes traitées par mois

 

ZOOM sur l’Algérie

Importation de poisson brut,
frais ou réfrigéré, depuis la France

52t
(source : NOAA)

Prix moyen des importations
de produits de la mer frais
16,19  €/kg


Une opportunité pour la France
L’Algérie représente encore un faible marché pour la France, mais dispose d’un fort potentiel de développement. Le prix moyen des exportations y est très élevé. C’est le deuxième plus important derrière Hong Kong. La valeur des exportations vers l’Algérie s’élève à 847 000 euros pour l’année 2017, selon les chiffres de FranceAgriMer sur le commerce extérieur.

Consommation locale
Les Algériens ne consomment en moyenne que 4,5 kg de poisson par an. Un chiffre très faible par rapport à la moyenne mondiale qui s’établit en 2016 à 20 kg par habitant et par an selon la FAO.

 

 

 

PDM : Quels sont les marchés les plus importants pour vous à l’export ?
Mourad Kahoul : L’Arabie saoudite et le Qatar sont en pleine expansion. Ils sont très demandeurs de produits de la mer français et leur marché est en croissance. En 2022, la coupe du monde de football aura lieu au Qatar, il faut se positionner sur ce pays dès maintenant, les acteurs sur place ont besoin de fournisseurs de confiance. En Arabie saoudite, le nouveau prince a autorisé la création de nombreux restaurants qui sont autant d’opportunités pour nous d’exporter. De nombreux chefs français s’installent là-bas. Le Bahreïn est un marché à explorer, nous n’y sommes pas encore présents mais nous y travaillons.

Quelles sont les espèces les plus demandées ?
M.K. : Beaucoup d’espèces bretonnes : homard bleu, cabillaud, bar de ligne, lotte, saint-jacques… 70 % de mes importations viennent du littoral breton. Je passe par des grossistes comme DistriMalo. La saisonnalité est également primordiale, il faut apprendre aux chefs qu’il est hors de question de leur fournir de la sole au mois d’août. Le savoir-faire français est très important, la qualité du poisson est incomparable, par rapport à de la marchandise espagnole par exemple. Les moules sont aussi très prisées, mais pas n’importe lesquelles : les chefs réclament de la bouchot. Nous avons beau être basés à Alger, nous vendons plus de moules que de couscous !
Un point à travailler cependant concerne les labels. Les pêcheurs sous-estiment encore leur importance. Si ça ne tenait qu’à moi, il faudrait pins’er tous les poissons : c’est reconnu à l’international, les aquaculteurs l’ont bien compris.

Et pour la logistique ?
M.K. : Encore une fois, la France est plus avantageuse que l’Espagne en termes de rapidité. Seulement deux heures de vol depuis Paris, une heure depuis Marseille avec quatre vols par jour. Nous recevons la marchandise moins de 24 heures après la débarque et nous la renvoyons immédiatement. Pour le Qatar, il y a deux vols par jour d’une durée de quatre heures. Avant, nous travaillions avec les Émirats arabes unis mais la logistique est devenue trop compliquée. Les Espagnols se préparent déjà à investir le marché qatari, ils négocient avec la compagnie aérienne Iberia pour programmer des vols quotidiens à destination du Qatar.

Pourquoi être basé en Algérie ?
M.K. : C’est l’entreprise familiale, et puis il y a un marché local aussi. 50 % des importations restent en Algérie pour alimenter les entreprises du pays. De nombreux restaurants étoilés connaissent la gastronomie française. Le poisson n’est pas le même sur nos côtes qu’en Bretagne. Et puis, il faut faire évoluer les méthodes de travail, moderniser le secteur du mareyage et du négoce. J’aimerais aussi former une équipe de fileteurs pour traiter le poisson sur place. Il y a beaucoup de choses à faire.

Des idées pour se diversifier ?
M.K. : On me demande régulièrement de la langoustine vivante. J’ai tout essayé pour la faire venir de Bretagne mais malheureusement, le produit est trop fragile pour supporter le trajet, il ne survit pas… Par contre, je vais lancer la plie prochainement. C’est un très beau poisson, la demande devrait être au rendez-vous. 

Propos recueillis par Guillaume JORIS

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