3 QUESTIONS À LAURENT TERRIEN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE FRANCE TURBOT
" Aucun développement phénoménal de la pisciculture française n’est à prévoir "
Arrivé récemment à la direction générale de France turbot, Laurent Terrien mise plus sur le développement du négoce que sur celui de la pisciculture. La filiale du groupe Adrien poursuit sa politique de diversification en cohérence avec le positionnement du turbot, son cœur de métier.
1 . En 2012, Boulogne-sur-Mer continue d’afficher ses ambitions en matière de pisciculture. Qu’en pensez-vous ? Pourriez-vous imaginer vous diversifier sur d’autres espèces que le turbot ?
2 . Si vous ne pouvez ni ne souhaitez développer la production de turbot, pourriez-vous tenter de développer votre activité d’écloserie ?
3 . Vers quels marchés pensez-vous vous tourner ?
INTERVIEW
Question 1 . En 2012, Boulogne-sur-Mer continue d’afficher ses ambitions en matière de pisciculture. Qu’enpensez-vous ? Pourriez-vous imaginer vous diversifier sur d’autres espèces que le turbot ?
L’engagement de Boulogne-sur-Mer en faveur de l’aquaculture est évidemment une bonne nouvelle. Cela montre que si la volonté politique existe, les choses peuvent changer. Cela donnera peut-être des idées à d’autres pour reclasser des sites industriels situés près du littoral. Néanmoins, aucun développement phénoménal de la pisciculture française n’est à prévoir dans les deux ou trois prochaines années. Non seulement l’accès aux sites reste difficile, mais les marchés ne sont pas facilement rémunérateurs.
À l’heure actuelle, France turbot n’envisage aucun développement particulier dans la pisciculture. Sur le turbot, nous ne sommes plus que deux éleveurs en France. Nous nous sommes tous les deux engagés dans une démarche Label rouge pour nous différencier de la production volumineuse des Espagnols ou des Portugais que l’on retrouve à moins de 13 € le kilo sur les étals ! En 2012, la production de France turbot ne devrait pas dépasser les 210 tonnes en baisse par rapport à 2011, car nous avons dû moderniser nos infrastructures et donc mettre certaines zones à l’arrêt. Dans ce laps de temps, les prix n’ont pas grimpé. Le turbot serait en réalité une des rares espèces dont le prix n’augmente plus.
Question 2 . Si vous ne pouvez ni ne souhaitez développer la production de turbot, pourriez-vous tenter de développer votre activité d’écloserie ?
Notre écloserie de turbot Label rouge ne se développera pas, sa production équivaut à la production française. Nous fournissons aussi de petits acteurs espagnols mais, sinon, je n’ai pas l’impression que les nouveaux projets d’élevage de turbots soient nombreux. En 2007, nous nous étions diversifiés dans l’huître. Cette activité se développe. Il est vrai que les mortalités poussent la demande de naissain. Cela dit, nous ne nous réjouissons pas de la crise. L’activité de prégrossissement étant notamment pénalisée par un taux de mortalité de 40 %.
Sincèrement, je mise plus sur l’export et l’activité de négoce lancée en 2012 que sur l’écloserie pour développer le chiffre d’affaires de France turbot.
Question 3 . Vers quels marchés pensez-vous vous tourner ?
En 2012, nous avons surtout tenté d’attaquer l’Asie en assurant une présence dans les divers salons liés aux produits de la mer, à l’hôtellerie et à la restauration. En 2013, nous poursuivrons nos efforts sur ce continent mais aussi en Amérique du Nord et dans les Émirats arabes unis. Notre cible est la même qu’en Europe. Nous visons la restauration haut de gamme. La crise économique sévit en Europe depuis 2008. Pour l’instant, nos clients historiques y ont encore les moyens d’acheter au prix fort et de s’offrir un Label rouge, mais nous devons sécuriser la commercialisation de notre turbot en ouvrant notre horizon. Et puisque le Label rouge est de plus en plus reconnu sur le plan international, profitons-en.
Pour attaquer les marchés internationaux, nous misons aussi sur le négoce. Au travers de l’Alliance du goût, nous avons développé une gamme de produits gastronomiques d’origine marine qui disposent d’un label qualité ou évoquent une origine. La notion de terroir est de plus en plus importante. Parmi nos seize partenaires, nous comptons les huîtres Marennes-Oléron Label rouge, le sel de Guérande, des soupes de poissons, etc. Les débuts de l’activité sont prometteurs : 4 à 5 tonnes de produits ont été vendus en 2012, hors turbot. L’objectif à moyen terme est d’avoir 1 kg de produits de négoce sorti pour 1 kg de turbot vendu ! Et si le succès est au rendez-vous, nous avons la capacité de produire plus de turbots !
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