Guy Farrugia, une entrée dans la mer réussie
En 1992, Guy Farrugia, élégant trentenaire, crée la surprise chez Nestlé lorsqu’il accepte la proposition de Paul Le Boucq, patron du groupe boulonnais éponyme : pourquoi le directeur régional du géant suisse part-il s’enterrer dans une obscure PME du Nord qui sent le poisson ?
« Je progressais, mais j’avais l’impression de ne pas exister, se remémore ce patron très social de 57 ans aujourd’hui. Fils de mareyeur, diplômé de HEC, Paul anticipait l’importance de la transformation. Il souhaitait, en me recrutant, relancer la société les « Entrées de la mer » créée par François Theron en 1984, dont il était devenu l’actionnaire majoritaire », poursuit le natif de Boulogne… Billancourt.
Recruté comme directeur commercial, Guy Farrugia mène, de front, un MBA en formation continue. Hélas, la modeste PME de Wimille est à la peine avec 0,5 M€ de chiffre d’affaires. Pire, en 1995, le groupe Le Boucq dévisse et entraîne toutes ses filiales dans sa chute.
Avec sa femme Jocelyne, il décide de racheter l’entreprise « pour un euro symbolique ». Pour monter son projet ambitieux, élaboré au sein du MBA, il hypothèque sa maison de campagne et investit dans un laboratoire de 600 m2. Dès 1997, ses nouveaux tartinables et poissons farcis frais entrent dans les circuits de la restauration. Depuis 2000, l’entreprise en fabrique à façon pour les enseignes alimentaires. Le chiffre d’affaires atteint 1,5 M€.
Guy Farrugia se « méfie de la fausse innovation » et mise sur le goût. Une philosophie récompensée en 2014 lorsque son saumon farci, référence star, décroche le label Rouge. En 2015, le chiffre d’affaires pourrait atteindre 7 M€. Désormais le bouillonnant quinquagénaire emploie 30 personnes en CDI et près de 50 saisonniers en décembre. Et si la gestion des ressources humaines est parfois un casse-tête, ce patron, qui a enseigné la vie de l’entreprise à l’IUP de Boulogne, est persuadé qu’elle porte les fruits de la croissance. Entretiens individuels, intéressement du personnel sont en place depuis longtemps.
Investi dans les réseaux d’entrepreneurs, Guy Farrugia prépare déjà sa succession, en interne. Il défend les bienfaits de la qualité de vie et part tous les ans marcher une semaine, avec sa femme et Paul le Boucq. « C’est sacré, comme les autres vacances ! »
Texte et photos : Lionel FLAGEUL
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