FACE A L’EMBARGO, LE REGARD DE STEPHAN ALLEAUME
La Russie offrait un débouché de poids à quelques ostréïculteurs. Réactions.
« C’est une catastrophe », réagit, à chaud, Stéphan Alleaume, des Parcs saint Kerber. S’il comprend et soutient les mesures qui ont conduit, par représailles, la Russie à décréter l’embargo, l’ostréiculteur qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’export estime que les conséquences économiques sur le secteur ne seront pas nulles.
405 tonnes d’huîtres ont été exportées en Russie en 2013. L’impact de l’embargo est-il réellement important ?
C’est une catastrophe. 400 tonnes, c’est un vingtième des exportations d’huîtres. Les ajouter sur le marché français équivaudrait à y faire entrer un nouvel expéditeur de taille moyenne. Ce n’est pas neutre. Je réalise 7 % de mon chiffre d’affaires en Russie. Chez d’autres, cette part grimpe considérablement. Exporter sur ce marché n’était pas simple : les demandes d’agréments et de contrôles sont complexes et onéreuses. Y aller pour 2 tonnes n’est pas rentable. Le nombre des ostréiculteurs touché est donc faible – nous sommes une dizaine – mais les volumes de chacun sont importants. Là, c’est un peu la douche froide.
Dans un marché pénurique, avec les mortalités, n’y a-t-il pas des débouchés possibles à trouver, rapidement ?
Ce n’est pas si simple. La concurrence s’intensifie en Asie et à Hong Kong, en particulier. Quand les marchés sont plus que moroses dans l’Hexagone et en Europe. Difficile d’y faire passer des hausses de prix, pourtant nécessaires à l’équilibre de notre activité. Mais y vendre des produits très haut de gamme n’est pas aisé. Sans compter que les calibres appréciés en Russie ne sont pas les mêmes qu’en France. Le gros des expéditions se fait sur des calibres 2, 1 voire 0 qui risquent, si on les stocke en parcs, d’être victimes de nouvelles mortalités.
Et si l’embargo dure ?
J’espère que FranceAgrimer nous soutiendra par une campagne de promotion à l’export et puis surtout que nos clients russes ne nous oublieront pas pendant l’intermède.
C. ASTRUC
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