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« En Italie, le poisson entier a sa place sur les étals ” »

(Crédit photo : DR)

 

Selene Pasqualini,
directrice de Selly Fish International
et Selly France

En Italie, le poisson entier
a sa place sur les étals ” 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les sociétés Selly Fish International, basée à Gênes, en Italie, et Selly France, localisée à Vauvert, dans le Gard, sont spécialisées dans la commercialisation de produits de la mer français en Italie. Pour satisfaire ce marché, l’Italienne Selene Pasqualini, fondatrice des deux entreprises, mise sur la qualité du produit pour fidéliser ses clients.


Volumes : 1 000 t par an - Nombre de clients : 30 réguliers et 30 occasionnels



ZOOM l'Italie


28,4 kg/an/hab
consommation de produits
de la mer en Italie

Un marché d’importation
Les captures de la pêche italienne, en dessous des 200 000 tonnes depuis 2012, sont loin de satisfaire la consommation du marché national. L’Italie a dû importer 1,16 million de tonnes de produits de la mer en 2017. En valeur, la facture s’est élevée à 5,86 milliards d’euros. L’Espagne est le premier pays fournisseur de la botte italienne avec 20 % des volumes.

Le premier client de la France
Avec 280 millions d’euros pour 50 000 tonnes importées depuis la France en 2017, l’Italie est le premier client de l’Hexagone, en valeur, pour les produits de la mer. Les données fournies par FranceAgriMer témoignent, par ailleurs, d’une progression continue de l’activité. Entre 2015 et 2017, la hausse des exportations françaises vers l’Italie est de 27 % en valeur. Saumon, thon et filets de poisson en occupent les trois premières places.

 

 

 

PdM : Pourquoi avez-vous créé deux sociétés différentes pour vendre des produits de la mer sur le même marché ?
Selene Pasqualini : Les deux entreprises n’ont pas la même activité. Selly Fish International, que j’ai fondée il y a 23 ans, n’achète pas la marchandise. Elle sert d’intermédiaire à des sociétés de mareyage françaises pour vendre leurs produits en Italie et un peu en Espagne. Mon travail consiste à mettre en relation un client avec un fournisseur. Avec Selly France, créée après mon installation en France, il y a six ans, j’achète le poisson sur les criées du Grau-du-Roi et d’Agde pour le revendre en Italie.

Vous ne commercialisez que des produits de la pêche française ?
S.P. : En très grande majorité. Cela devient néanmoins de plus en plus compliqué car il y a beaucoup moins d’apports. Depuis le début de l’année, c’est très difficile. Il m’arrive donc aussi d’avoir du poisson d’Écosse et des Pays-Bas.

Quelles espèces recherchez-vous ?
S.P. : Tout d’abord, je ne travaille que du frais et majoritairement des pièces entières pour le poisson. En Italie, on a l’habitude de voir du poisson entier sur les étals. Le filet n’est pas aussi développé qu’en France. Il y a trois à quatre ans, les Italiens n’en voulaient pas. J’arrive aujourd’hui à en commercialiser auprès de la grande distribution. Il s’agit surtout de filets de maquereau et de grondin, pour lesquels la mise en filets apporte une vraie praticité.

Concernant les espèces, Selly Fish travaille de nombreuses variétés comme la seiche, le calmar, la sole, la lotte, le maquereau, le maigre. Je fais aussi beaucoup de coquilles Saint-Jacques entières, en demi-coquille ou en noix. Selly France est, elle, positionnée sur le poulpe, le capelan, le merluchon, le thon rouge, l’espadon, la sardine et l’anchois. Les volumes traités par cette entreprise sont beaucoup moins importants que ceux réalisés par Selly Fish. Les achats sont uniquement pour le marché de Gênes. De petits clients qui recherchent un poisson extra-frais. La marchandise que j’expédie là-bas n’a pas 24 heures à son arrivée, depuis sa sortie de l’eau.

L’Italie est le premier importateur d’huîtres françaises. Vous n’en vendez pas ?
S.P. : Je fais de l’huître de Bouzigues avec Selly France. Les Italiens n’ont pas la connaissance du produit comme en France. Ils cherchent surtout de gros numéros pas trop chers à l’achat.

Quel type de clientèle servez-vous ?
S.P. : Des grossistes et des grandes surfaces. J’ai pour politique d’essayer de fidéliser mes clients. Avec Selly Fish, j’ai mis en place des sortes de monopoles. Je n’ai qu’un seul client à Naples, à Gênes, à Milan ou encore en Sicile. Ce n’est pas partout pareil mais quand je peux, je le fais. Idem, par respect pour mes fournisseurs, dont les deux plus importants sont basés à Boulogne-sur-Mer et à Arcachon, je ne vais pas démarcher leurs concurrents. Et puis, je suis toute seule à faire les ventes, il faut connaître ses limites !

L’origine France des produits de la mer est-elle perçue comme un gage de qualité par les Italiens ?
S.P. : En France, comme partout, il y a du bon et du moins bon. Je fais très attention à la qualité des produits. C’est pour cela que je travaille toujours avec les mêmes fournisseurs. Je suis sûre de la qualité. Avec l’entreprise de Boulogne-sur-Mer, on fait de l’emballé à bord des bateaux. Quand le produit arrive en Italie, c’est de la bombe atomique. On est peut-être un petit peu plus cher à l’achat, mais on prend du temps pour garantir la qualité.

Propos recueillis par Loïc FABRÈGUES