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“ Des prix qui varient du simple au double en magasin ”

Marie-Christine Monfort, experte en commercialisation des produits de la mer en Europe, société Marketing Seafood.

PdM : Quelles sont les caractéristiques de l’offre française de crevettes tropicales ?
Marie-Christine Monfort : Le marché français de la crevette tropicale est le second en Europe derrière l’Espagne avec des importations qui dépassent 600 millions d’euros. Cependant, en termes de consommation par habitant, la France n’est qu’en sixième position avec des achats par an et par habitant évalués à 8 euros, contre 15 euros en Espagne ou 12 euros en Belgique. Cela montre le vaste potentiel du marché !

Le vrac reste une composante essentielle du marché…
Nos observations sur dix ans nous rappellent effectivement l’importance des ventes en vrac, et le maintien de cette forme de vente. Selon Kantarworldpanel, les crevettes entières cuites non emballées pèsent pour trois quarts des ventes au rayon frais, contre un quart pour les produits transformés. Par ailleurs, les ventes de crevettes LS s’essoufflent et n’ont pas progressé depuis 2010, malgré la profusion de nouveaux produits. Cette stagnation s’explique par un prix moyen de vente plutôt élevé et croissant, qui se heurte à l’essoufflement du pouvoir d’achat des ménages.

Comment évoluent les prix ?
Au rayon LS, les prix moyens se situent aux alentours de 30 à 40 €/kg pour les produits 100 % crevette et 25 à 30 €/kilo pour les produits avec 10 ou 20 % d’autres ingrédients. Notre panel révèle également des écarts de prix très importants, pouvant aller du simple au double d’un point de vente à l’autre pour des produits strictement identiques (même espèce, même taille, même transformation, même segment). Un écart d’une telle ampleur est très inhabituel sur des produits de consommation courante et montre que le consommateur français ne semble pas avoir de prix de référence en tête pour la crevette.

Avez-vous relevé des évolutions notables du marché ?
Cette année, nous avons observé un net déclin du nombre de références de produits bio. Cette raréfaction des rayons par rapport à ce que nous avons observé en 2011 n’est a priori pas due à un affaiblissement de la demande des consommateurs français, mais à la plus faible capacité des Français à payer le prix pour ces produits certifiés par rapport à des concurrents très demandeurs.

Quelles sont les pistes de progrès pour les opérateurs ?
Le marché de la crevette et son évolution ressemblent en de nombreux points à celui du saumon, dix ans plus tard. Après un fort démarrage des ventes de produits bruts, les premières certifications qualitatives sur le produit entier sont apparues, suivies de l’arrivée massive des produits transformés à valeur ajoutée, faciles à l’usage, prêts à l’emploi. Sur ce front, de nombreuses innovations peuvent être envisagées, en s’inspirant par exemple de produits existants à l’étranger. Par ailleurs, comme dans le cas du saumon d’élevage, les médias vont relayer les conditions douteuses de certains élevages de crevettes, risquant de déstabiliser un consommateur assez peu informé. Cette tendance va motiver les distributeurs, notamment ceux qui engagent leur marque, à rechercher plus d’assurances auprès des producteurs. La certification ASC a de beaux jours devant elle.

 

Retrouvez notre dossier : " Crevettes : à chacun son bonheur " de Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

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