ÇA POSE QUESTION !
Dans la foulée du scandale lié à la substitution de viande de boeuf par de la viande de cheval, les médias ont déterré une enquête américaine conduite par Oceana, ONG engagée dans la préservation des ressources halieutiques, révélant une fraude massive dans la filière poisson où le tiers des espèces consommées le serait sous un autre nom.
Ajoutez un problème d’hygiène sur des tartes Ikea et l’autorisation d’introduire des farines animales pour l’alimentation des poissons dans l’Union européenne et vous obtenez un cocktail idéal pour terrifier les consommateurs. Face à la méfiance populaire, l’intensification des contrôles est promise.
Mais qui, dans une Europe en crise, les financera ?
Voilà un an déjà, PdM organisait une table ronde sur la traçabilité, star des réformes de la PCP et le l’OCM. Conscients des enjeux économiques et de leurs responsabilités vis-à-vis des consommateurs, les professionnels du secteur mettaient en exergue le manque de contrôles menés par les États comme par l’Union européenne conjugué au défaut d’harmonisation dans l’application de règles toujours plus complexes.
Après les avoir fustigés, un représentant du Parlement européen reconnaissait le manque de moyens. Un an plus tard, les agents de la répression des fraudes hexagonaux confirment la situation et se mettent en grève pour réclamer des fonds.
Faut-il faire payer les contrôles aux distributeurs ? Aux entreprises ?
Beaucoup en font déjà. Mais qu’en pensent les consommateurs ? Réponse : en jouant la carte de la transparence suite à la découverte en interne de la fraude, Findus a vu ses ventes chuter drastiquement, son image entachée et liée au scandale de la viande de cheval… Et ce bien plus que d’autres victimes de la même fraude qui ont préféré attendre avant de risquer une crise de confiance. L’honnêteté est souvent bien mal récompensée.
Mais peut-être que la plus belle des honnêtetés serait de se mettre à plusieurs voix pour dire et seriner au consommateur que la qualité, la sécurité sanitaire, les protections sociale et environnementale ont un prix et que l’achat malin n’est pas nécessairement le moins cher. Car, dans la course folle au produire moins cher, pour réaliser plus de profits d’abord, pour survivre ensuite, tout le monde finit par y perdre. Les fraudes s’accélèrent.
Combien en faudra-t-il pour réagir ?
En attendant, entreprises et enseignes dépensent toujours plus en contrôles. Interpol, « la plus grande organisation policière du monde regroupant 190 pays », est même obligée d’accepter le soutien financier de la Norvège et de la fondation Pew dans sa lutte contre le crime qu’est la pêche illégale et non déclarée, en renforçant les contrôles « dans les régions les plus vulnérables, notamment l’Afrique de l’ouest et du sud-est ».
Ouf, ça va. Ce n’est pas chez nous.
C. ASTRUC
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