Urk, au-delà du plat…
Urk constitue un autre pôle halieutique majeur des Pays-Bas. Port de ce qui fut une île au coeur de l’Ijsselmeer, c’est un haut lieu du poisson plat. Mais les entreprises locales s’ouvrent de plus en plus à la diversification.
Les images des dizaines de duos masculins triant manuellement des poissons plats (plie, sole, etc.) sous la grande halle à marée de Urk sont des classiques. Et pourtant, les grandes entreprises locales du secteur ne misent plus uniquement sur ces espèces. « Le marché est globalement bousculé par la pandémie, mais celui du poisson plat est toujours caractérisé par un manque de volume et des prix élevés, analyse Françoise Chartier, responsable du commerce extérieur chez Noordzee International. Il y a moins de demande de la restauration, certes, mais les ventes ont beaucoup augmenté en GMS. Le surgelé est très apprécié et les prix restent tendus. Les consommateurs ne vont plus aux restaurants, donc n’hésitent pas à se faire plaisir à la maison en achetant de la sole par exemple. Nous avons une forte augmentation de volume sur cette espèce plutôt chère. »
Grand spécialiste du poisson plat, Noordzee International a néanmoins diversifié sa production en élevant un bâtiment dédié au cabillaud et en rachetant Varia Vis, autre site transformé pour travailler le saumon. « Et tout cela marche très bien, en frais et surgelé, en différentes formes (dos, filets, portions, etc.) et différents conditionnements : sous-vide, carton, sachets, etc. Nous proposons également des produits élaborés comme du saumon pané. Nous détenons en fait maintenant trois sociétés et nous avons doublé notre chiffre d’affaires à environ 60 millions d’euros. » La diversification ? Un impératif de croissance : « Ce n’est plus sur le poisson plat qu’il est possible d’augmenter son chiffre d’affaires. Notre force est de recevoir de la matière première fraîche, grâce à une bonne logistique, et de proposer sous un même toit la possibilité de travailler de multiples produits, y compris des produits élaborés à valeur ajoutée. »
Autre illustration de cette tendance chez Seafood Connection. La société constitue le bureau de vente européen de Maruha Nichiro depuis 2013, la plus grande entreprise de produits de la mer au monde, et ne vend que des produits surgelés. « La majorité de nos produits proviennent de nos sociétés soeurs au sein du groupe, qui possèdent leurs propres flottes de pêche et activités d'aquaculture dans le monde entier », détaille Johan Brouwer, directeur général. La holding Seafood Connection réalise un chiffre d'affaires de 339 millions d'euros pour un volume de 79 000 tonnes par an. Une cinquantaine d'employés travaillent au siège social aux Pays-Bas et d’autres dans des bureaux de vente en France, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Scandinavie, Pologne et Royaume-Uni. LaFrance fait partie du top 3 des marchés. « Dans notre usine Seacon Production aux Pays-Bas, nous produisons des langoustines, des limandes et du cabillaud, parallèlement aux espèces de poissons plats de la mer du Nord. Mais aussi des calmars et des seiches de l'Atlantique ou encore du bar et de la dorade de Méditerranée. » Seafood Connection a commencé il y a 30 ans avec l'importation de colin d’Alaska pour le marché du « kibbeling » : des morceaux de poisson panés et frits vendus dans les poissonneries et les food trucks aux Pays- Bas. « Puis nous avons été les pionniers en importation de pangasius et sommes toujours les plus importants en Europe. »
Aujourd’hui, la holding livre trois types de clientèle : détaillants (MDD et marques propres Seacon et Sealight), grossistes et industriels (blocs de colin d’Alaska et base de surimi, sous les marques Premier Pacific Seafoods, Westward Seafoods et Alyeska). Elle couvre 17 % du marché des produits de la mer aux Pays-Bas. Fidèle à l’esprit d’innovation qui caractérise les Flamands, la société lorgne très fortement sur le marché vegan. « Nos entreprises partenaires japonaises nous fournissent nombre de produits permettant de réaliser des sushis, rappelle Johan Brouwer. Dans cette gamme, il existe des produits végétaliens, comme les haricots wakame et edamame. Une tendance croissante. L'année dernière, nous y avons donc ajouté un thon et un saumon végétaliens et sommes particulièrement fiers de nos produits Vegan Masago surgelés, transformés dans notre propre usine. »
Urk
est la plaque
tournante du
commerce du
poisson plat en Europe
Dominique GUILLOT
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