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Un marché de la langoustine épargné par la pandémie

En France, la langoustine vivante est avant tout une affaire de Bretons, en particulier de Bigoudens. (Crédit L.F.)

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En 2019, la langoustine était la septième espèce débarquée en valeur dans les criées du littoral, avec 27,8 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2 252 tonnes, soit un prix moyen de 12,66 €/kg. Des chiffres relativement semblables à ceux de l’année précédente : 2 204 tonnes pour 27,9 millions d’euros et 12,66 €/kg de prix moyen. Pour autant, « ces deux dernières années se situent dans la fourchette plutôt basse de la production, analyse Thomas Rimeau, chargé de mission pour l’OP Pêcheurs de Bretagne. Elles apparaissent d’autant plus faibles, que les années 2016-17, et avant 2010-11 étaient plutôt exceptionnelles, avec des débarques au-dessus de 4 000 tonnes ». Et 2020 ? « Elle sera une année très particulière. La météo hivernale a été très compliquée jusqu’à la mi-mars et ensuite, le pays a été confiné. » Néanmoins, il semble que la fameuse demoiselle ait correctement tiré son épingle du jeu, à la différence d’autres produits de la mer classés « fins », que l’on imaginait surtout absorbés par les marchés de la restauration, fortement impactés par les conséquences de la pandémie.

En fait, les navires côtiers qui ciblent la langoustine vivante dans le golfe de Gascogne s’en sont plutôt bien sortis, par rapport à certaines flottilles hauturières. Elle s’est de fait correctement commercialisée pendant le confinement. Produit avant tout régional, elle rayonne surtout dans le grand Ouest et a profité des touristes précocement installés dans leurs résidences secondaires de la côte, voire d’une mise en avant dynamique dans les poissonneries de détail et de la grande distribution. De la crevette frétillante en rayon, à des prix abordables à l’heure à laquelle les gens disposaient de temps pour cuisiner, d’envie de se faire plaisir et d’aider les producteurs locaux, cela a sans doute séduit.

En fin d’année, le produit peut s’envoler au-dessus de 20 €/kg en criée. Or, depuis le début de l’année, l’OP Pêcheurs de Bretagne, qui rassemble 115 licenciés spécifiques, fait état de 11,20 €/kg de prix moyen en première vente.

La flottille qui pratique l’animal dans le golfe de Gascogne (toute l’année mais particulièrement en été) reste concentrée en Bretagne Sud, pays Bigouden en tête (Le Guilvinec, Loctudy) mais aussi Lorient et Concarneau. Plus au sud, Le Croisic constitue un autre spot de débarquements conséquents.

Depuis des années, de nombreux efforts ont été réalisés pour assurer une qualité maximum au crustacé. L’essentiel des navires réalise des marées à la journée, avec des sorties à 2 ou 3 h du matin au Guilvinec pour un retour à la vente de 16 h. Du côté de Lorient et de Concarneau, les marées font juste 24 heures, avec une vente au petit matin. Les navires sont équipés de viviers à bord, par immersion ou brumisation. Idem pour les criées de Lorient et de Loctudy et bientôt Le Guilvinec et Concarneau. Un long travail a été mené avec les scientifiques sur la sélectivité en mer, vis-à-vis des spécimens les plus jeunes et surtout des merluchons, appréciés par les Espagnols. Et maintenant, « nous cherchons en permanence à optimiser la qualité, rappelle Thomas Rimaud. En 2018, le programme Vivant nous a amenés, en travaillant sur la température de l’eau, son traitement avec des écumeurs, à la faire voyager plus loin et plus longtemps. Cela nous permet d’encore mieux la valoriser à Paris ou dans d’autres grandes villes ». Là où la concurrence est plus vive avec la production écossaise ou danoise.

Dominique GUILLOT

 

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