Truite et carpe : la pisciculture d’eau douce européenne
L’aquaculture d’eau douce représente 20 % de l’aquaculture européenne en volume, et deux espèces dominent ce secteur de production : la truite arc-en-ciel (60 %) et la carpe commune (23 %).
La production piscicole d’eau douce en Europe est en baisse constante depuis vingt ans. Mais les opportunités de développement restent nombreuses face à la stagnation des captures de la pêche et aux bénéfices écologiques, économiques et culturels de cette pisciculture. Selon la FAO, l’aquaculture est un secteur nécessaire pour répondre à un défi majeur du XXIe siècle : apporter des protéines carnées à l’humanité. Aujourd’hui, la production piscicole d’eau douce est de 275 000 tonnes, pour une valeur de 910 millions d’euros. La France est le premier producteur, suivi par la Pologne et l’Italie, qui représentent à eux trois 40 % de la production. Cette pisciculture est marquée par un clivage Est-Ouest.
À l’Ouest, la production de truite est plus importante et s’effectue dans des élevages intensifs en bassin. Cette production offre de bons résultats économiques : les consommateurs apprécient ce produit, le perçoivent comme plutôt sain et pratique grâce à la taille portion. À l’Est, la carpe domine, élevée dans des étangs extensifs. Sa consommation est notamment en lien avec les traditions festives religieuses
La pisciculture d’étang se distingue par ses nombreuses contributions environnementales, notamment sur le maintien des écosystèmes humides et sur la qualité de l’eau, mais aussi en permettant de développer le tourisme rural et l’économie locale. Entre la truite et la carpe, les filières sont également différentes. La carpe représente un marché principalement intra-européen de plus de 82 000 tonnes, avec une production surtout domestique. La truite et son marché de près de 240 000 tonnes subissent une baisse de la production européenne, mais un essor du marché extra-européen..
L’Allemagne, premier marché européen de truite, importe la quasi-totalité de sa consommation, alors que la France, en seconde position, a une production surtout domestique. Les opportunités nombreuses de ce secteur poussent à l’innovation, en premier lieu sur les méthodes de production. Se développent ainsi l’aquaculture multitrophique intégrée, l’aquaponie ou encore les systèmes recirculés, moins impactants pour l’environnement, mais qui présentent encore des rendements trop faibles ou des coûts trop élevés. La pisciculture en étang se déploie également autour de modèles combinant élevage intensif et extensif et un mix des usages : production, tourisme, préservation des milieux…
Mais là où les attentes sociétales sont majeures, c’est sur l’alimentation des poissons. La production de farine et d’huile de poisson pour l’alimentation piscicole représente une pression supplémentaire sur les stocks halieutiques, et des alternatives végétales éclosent partout en Europe. La part de farine et huile de poisson dans l’alimentation piscicole est passée de 70 % dans les années quatre-vingt-dix à 30 % aujourd’hui. Plusieurs leviers existent aujourd'hui pour développer la pisciculture d’eau douce : poursuivre l’innovation, notamment sur le plan environnemental, soutenir financièrement les filières à travers les fonds européens et jouer sur le marketing et les labels pour faire connaître les produits aux consommateurs, plus familiarisés avec le saumon norvégien.
Vincent SCHUMENG
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