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Triple avancée dans la lutte contre la pêche illégale

Le Japon a adopté une loi sur le commerce de produits aquatiques, s'inspirant des modèles américain et européen pour lutter contre la pêche illicite.

 

Trois bonnes nouvelles dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).

Le Japon, à travers sa loi sur le commerce d’animaux et plantes aquatiques, a adopté le 4 décembre des règles radicales pour l’import des produits de la mer. Elles prévoient la création d’une base de données nationale, gérée par le gouvernement, sur les captures et les transferts déclarés par les entreprises de produits de la mer. Pour les importations, un « certificat de capture légale » du pays d’origine sera exigé, sur les modèles américain et européen. La mise en œuvre devrait être détaillée dans les deux ans. Il s’agit aussi d’améliorer la traçabilité à travers la numérisation des données ; et de mieux coopérer avec les pays partenaires. Pour le représentant de ce secteur au WWF au Japon, Yukihiro Misawa, cette loi représente « une avancée majeure dans le pays pour lutter contre la pêche INN ». Selon un collectif d’ONG dont le WWF fait partie, cette loi met le pays en conformité avec les exigences de l’Union européenne et des États-Unis.

Traité international phare dans la lutte contre la pêche INN, l’Accord sur les mesures du ressort de l’État du port vient de gagner un signataire de poids avec sa ratification par la Russie, le 8 décembre. Ce texte exigeant adopté par la FAO en 2009, et entré officiellement en vigueur en 2016 suite à la 25e ratification, prévoit des inspections à quai par les autorités à la débarque des produits de la mer, le refus d’accoster pour des navires impliqués par la pêche INN, et l’échange d’informations avec les autres signataires concernant les navires suspects. Plus il y a de pays à mettre en œuvre cet accord, plus les braconniers peinent à trouver des ports pour accueillir leurs captures illégales. Selon le chef de l'Agence fédérale russe pour la pêche, Ilya Chestakov, la législation russe doit encore être amendée pour être mise en conformité avec cet accord. La Russie fait notamment face à des braconniers de saumon et des navires nord-coréens pêchant illégalement dans ses eaux*.

Enfin, l’Union européenne (UE) a retiré le 4 décembre le carton jaune adressé au Kiribati il y a plus de 4 ans. Elle reconnaît ainsi qu’il a suffisamment remédié aux lacunes pointées en avril 2016 dans sa gestion des pêches. L’archipel du Pacifique, doté d’une zone de pêche au thon très productive, a collaboré étroitement avec l’UE pour mettre en place ses nouvelles mesures : système de certification des captures, traçabilité accrue, davantage de contrôles, régime de sanction dissuasif… Et coopération plus rigoureuse avec les États opérant dans ses eaux. Il reste dans la liste européenne six pays sous carton jaune et trois sur la liste rouge (dont l’export vers l’UE est interdit).

Solène LE ROUX

* Par ailleurs, la Russie prolonge jusqu’à fin 2021 son embargo imposé en août 2014 sur les approvisionnements alimentaires, produits de la mer compris, en provenance de pays occidentaux, en réponse aux sanctions prises contre la Russie suite à l’annexion de la Crimée.

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