Thon rouge, quelle gestion à moyen terme ?
En 2020 et 2021, le quota mondial autorisé pour la pêche au thon rouge (Thunnus thynnus) a été de 36!000!tonnes. Bien plus que ce qui était autorisé il y a quinze!ans. En!2007, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta ou Iccat en anglais) avait permis la capture de 29!500!tonnes de ce poisson emblématique de Méditerranée. Pêché depuis la préhistoire – on a retrouvé des peintures rupestres le représentant sur des îles siciliennes –, cet immense migrateur a aujourd’hui retrouvé toute sa place. Les évaluations scientifiques font même état d’une reconstitution du stock meilleure que prévue.
De facto, pour la majorité des thoniers senneurs, la saison de pêche est bouclée de plus en plus rapidement. Cette année, 16 des 22!senneurs français, notamment ceux travaillant au large des Baléares, ont fini leur saison de pêche en une semaine au lieu des sept désormais autorisées. L’enjeu n’est plus de trouver le poisson, mais de ne pas cibler des bancs trop gros afin de ne pas dépasser les quotas. L’autre nouveauté de ce marché international du thon sushi-sashimi est l’inconnue de la demande. Après un an de pandémie, les consommateurs vont-ils retourner vers les restaurants spécialisés, et si oui, en quelle quantité ?
La pêche côtière nourrit, elle, les étals des poissonneries. Contrairement à la pêche hauturière, elle peut être exercée tout au long de l’année. Pratiquée à la ligne, elle fait face à une forte concurrence. « Nous avons mis en place le label «thon rouge de ligne» pour nous démarquer et faire connaître les bonnes pratiques de notre activité côtière, détaille Bertrand Wendling, le directeur général de l’OP Sathoan. Malgré l’écolabel français et le label MSC obtenus, face à la concurrence de la Grèce, de Chypre ou de l’Espagne, nous n’arrivons pas à bénéficier d’une différentiation forte sur les étals des GMS. Nous nous sommes donc tournés vers une sensibilisation des grands chefs en partenariat avec!l’organisation Ethic Ocean. » Avec 60 % du quota national (3!656! tonnes en!2021, dont!470 réservées aux canneurs, ligneurs et palangriers), l’OP Sathoan constitue la principale organisation de producteurs française en matière de thon rouge. La filière veut désormais s’accorder sur les modalités de gestion de l’espèce à moyen terme. La réunion annuelle de l’Iccat, en novembre prochain, définira les paramètres d’un nouveau modèle de gestion dont découleront les décisions de management et les futurs arbitrages sur les quotas de pêche autorisés. Les scientifiques de la commission ont envisagé plusieurs formules d’algorithmes pour des propositions de HCR (Harvest control rule ou règles d’exploitation) et de MSE (Management strategy evaluation, ou évaluation de la stratégie de management). Des modélisations parfois très complexes. L’an dernier, le groupe de travail scientifique de la commission thon rouge!admettait dans son compte rendu de mai!2020 qu’« il existe un effort externe pour normaliser les résultats de MSE pour mieux informer les gestionnaires ». En espérant que depuis un an, les critères soient devenus plus transparents, afin que tous les professionnels de la filière et les consommateurs partagent une vision claire.
Hélène SCHEFFER
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