SEMER POUR DURER
L’écloserie du Tinduff fournit depuis vingt ans du naissain de saint-jacques. Les semis entretiennent les gisements bretons, normands et charentais.
Créée en 1983 par les pêcheurs de la rade de Brest qui voulaient repeupler leur gisement, l’écloserie du Tinduff est depuis 2004 une coopérative maritime détenue majoritairement par les pêcheurs bretons, normands et charentais au travers de leurs comités départementaux.
Le site de Plougastel-Daoulas reste le seul producteur de naissain en France et en Europe. L’élevage larvaire en écloserie, puis le prégrossissement en nurserie ont lieu à terre de février à juillet. En 10 à 11 semaines, on obtient des coquilles de 2 mm. À ce stade intervient le transfert en mer où elles grandissent dans des casiers finement maillés pendant 8 à 12 mois jusqu’à la taille minimum de 3 cm. Selon la saison, car leur croissance s’arrête l’hiver.
À ce stade, capables de s’enfouir dans les sédiments, elles sont prêtes pour les semis d’automne ou de printemps. L’écloserie produit ainsi quelque 10 millions de naissains de 3 cm par an. « Depuis 2011, l’arrivée de nouveaux coopérateurs a permis de mutualiser les coûts, faisant baisser de 25 % le prix du naissain », souligne son directeur, Florian Breton. À 0,06 € HT pièce, la petite coquille reste chère. Mais les pêcheurs brestois ont décidé de réensemencer cette saison malgré la présence de l’ASP. « Ce sont les coquilles qu’ils pêcheront dans 2 à 3 ans. Elles participent au maintien du stock mais aussi à la reproduction. » Un soutien appréciable face au faible recrutement enregistré sur de nombreux gisements. La baie de Saint-Malo, celle de Morlaix, les gisements des Glénans ou encore les pertuis charentais sont ainsi réensemencés tous les ans. Ceux de Quiberon et de Saint-Brieuc suivent à titre expérimental.
En baie de Granville, l'opération menée depuis 2009 sur une zone limitée au sud de Chausey, fermée pendant 4 ans à la pêche, s’est avérée positive. « La coquille se raréfiait et nous voulions éviter aux bateaux d’aller pêcher trop loin », explique Gislaine Hervieu, au Comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins de Basse-Normandie. Les aides régionales et locales, et une contribution annuelle de 1 000 euros par navire, ont permis de semer plus de 3 millions de naissains entre 2009 et 2013.
Mesure de prudence cette année, le comité régional des pêches de Poitou-Charente a bloqué la campagne de pêches aux coquillages dans les pertuis. Les responsables ont décidé de doubler les semis en 2015.
En plongée : l’autre coquille | ||||
Philippe Orveillon a toujours été pêcheur en plongée. En 1994, il a commencé par les ormeaux sur le gisement de Saint-Malo, avant la création de la licence saint-jacques, en 2001-2002, dans le gisement classé de la Rance. Comme lui, ils sont cinq, avec ceux qui pêchent sur la partie Côtes-d’Armor de la zone, à disposer d'une licence. Après 2 ans d’expérimentation, la technique a aussi été admise sur le gisement classé de la baie de Saint-Malo. « Nous alternons entre les deux gisements, ouverts quasiment aux mêmes dates (1) », note Philippe Orveillon, également vice-président du comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins d’Ille-et-Vilaine. |
Comparée à une saint-jacques pêchée à la drague, vendue en moyenne 2,20 à 2,30 € par kg, l'écart est d’environ 1€ de plus au kilo. Un montant que Stéphan Alleaume, codirigeant des Viviers d’Armor,
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