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Sea Value atterrit en Bretagne

Le n° 2 mondial de la conserve de poisson, le thaïlandais Sea Value, crée une tête de pont en Europe en s’implantant à Lignol. Stratégie à long terme ou simple coup d’essai ? Rendez-vous dans un an.

(Crédit photo : Thierry Creux)

 

[ Sea Value :
déjà 4 usines
en Asie ]

◗ Via sa filiale Sea Value Europe bv, le groupe thaïlandais effectue sa première implantation industrielle hors Asie. Sea Value possède quatre usines en Thaïlande, en Chine et aux Philippines. Son chiffre d’affaires atteint 900 millions d’euros dont 10 % en Europe.
Son effectif est de 15 000 salariés.

 

La reprise par Sea Value PLC, n° 2 mondial du thon en boîte après Thaï Union Foods (1), d’une unité de transformation à Lignol (Morbihan) suite à la liquidation judiciaire d’Atlantic Seafood Gourmet en octobre, confirme l’intérêt des Asiatiques pour le marché européen. Cette nouvelle pierre posée en Bretagne par un groupe thaïlandais traduit la volonté d’accompagner l’univers du sandwich, de la pizza ou de la saladerie avec des produits spécifiques. Sous sa nouvelle identité, Sea Value Atlantic, l’entreprise poursuit la production de thon en poche avec le personnel en place, soit 12 emplois. L’objectif à court terme est de doubler l’activité à partir de l’existant pour atteindre 2 400 t de matière première traitée cette année.

Les longes de listao précuites et congelées arrivent de Thaïlande à Lignol où le process se décline en plusieurs étapes : décongélation, séparation en pièces ou en miettes, conditionnement en poche au naturel, à l’huile ou en sauce, avant une stérilisation ou une pasteurisation. « L’intérêt est de toucher une clientèle de proximité qui peut conserver le produit entre 0 et 4°C pendant 18 mois pour le thon en poche et 8 mois en pasteurisé. L’offre de produits alimentaires intermédiaires (PAI) va s’élargir au saumon et à la morue », ajoute Bertrand Ziegler, directeur de Sea Value Atlantic.
Lors de leur visite en février, les nouveaux propriétaires ont annoncé un investissement de deux millions d’euros dans les 18 mois avec de nouveaux emplois à la clé. L’acquisition de nouveaux équipements doit permettre de sortir des préparations et des références européennes spécifiques, « comme du thon de ligne ou pêché sans dispositif de concentration du poisson (DCP), précise le directeur, alors que les conserves thaïlandaises correspondent à une demande massive mondialisée et uniforme. »

Face au concurrent TUF qui dispose d’un « porte-avions » en Europe, « Sea Value crée une tête de pont pour tester le marché européen », observe un spécialiste de la conserve industrielle. Ce dernier croit peu à une implantation pour contourner le droit de douane de 24 % sur le thon thaïlandais en longe ou en boîte. À moins de disposer dès le début de l’année de containers prêts à rentrer dans l’Union européenne, car le contingent tarifaire de 25 000 t qui permet de rentrer sans droit de douane s’épuise très vite. Seuls les géants ayant un sourcing éprouvé peuvent s’aligner dans les temps. Ce qui semble possible pour Sea Value, qui compte plusieurs gros armements thoniers parmi ses actionnaires.

B.V.

(1) Depuis 2010, TUF a acquis en Europe le fumeur Meralliance, les conserveurs King Oscar, Petit navire et les marques John West et Mareblu.

 

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