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Pour la pêche durable, l’Europe a du chemin à faire

(Crédit photo : B.V.)

 

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La classification des stocks dans les eaux
atlantiques européennes, en fonction
des objectifs de pêche durable de Bruxelles,
montre le chemin à parcourir d’ici 2020.
Sur les 42 stocks évalués qui représentent
environ 90 % des captures, seulement
16 atteignent
les objectifs de rendement
maximal durable (RMD).

 

Depuis 2010, la pression de pêche sur les stocks européens de l’Atlantique ne baisse plus. « Elle reste, en valeur moyenne, sensiblement supérieure à l’objectif du rendement maximal durable. Parallèlement, le nombre de stocks qui remplissent les objectifs de la politique commune des pêches ne progresse plus » constate l’Association française halieutique (AFH) à partir d’une analyse des données CIEM disponible sur internet (http://association-française-halieutique.fr/).

La situation observée les cinq dernières années contraste par rapport à la période 2000-2010 pendant laquelle la baisse de l’effort de pêche correspondait à une nette amélioration des stocks. Elle se traduisait, selon les chercheurs halieutiques (1), de la façon suivante : là où il y avait 100 tonnes de poisson à la fin des années 1990, on en retrouvait 140 en moyenne dix ans plus tard.

Sauf que la tendance s’est inversée. Le bilan actuel de la ressource en Europe dressé par l’AFH montre que l’on est loin de pouvoir prétendre atteindre l’objectif de RMD, rendement maximum durable, sur tous les stocks d’ici 2020. Alors que le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) compte 167 stocks dans les eaux atlantiques européennes, 42 sont réellement connus et cumulent 90 % des captures. Or, seuls 38 % de ces 42 stocks diagnostiqués atteignent les objectifs européens de pêche durable sur la base des deux critères suivants : niveau suffisant de géniteurs pour éviter l’effondrement et une pression de pêche (ou mortalité par pêche) modérée.

Sous l’angle productif, les 16 stocks bien exploités dans la durée concernent un quart des captures, soit 988 000 tonnes. Parmi les pêcheries en bonne santé, l’association halieutique cite la plie de mer du nord et de Manche-est, la sole de Manche ouest, le hareng et l’églefin de mer du Nord ainsi que le merlan de mer Celtique.

Le bilan négatif l’emporte toutefois largement, dans la mesure où 62 % des stocks suivis sont surexploités. Soit par manque de géniteurs, soit parce que la pêche prélève trop, soit pour les deux raisons. Les trois quarts des captures se trouvent ainsi fragilisées. C’est particulièrement vrai pour le cabillaud des mers du Nord, Celtique et d’Irlande, la sole de Manche-est et du golfe de Gascogne, le bar en mer Celtique et en Manche, le hareng d’ouest-Écosse et le maquereau atlantique.

Sur la période récente, il ressort que la mortalité par pêche tend à baisser en mer du nord où l’objectif de RMD est presque atteint. Tandis qu’à l’ouest, de l’Écosse à l’Espagne, la pression de pêche s’accroît légèrement et reste nettement au-dessus du RMD, souligne l’AFH.

C’est en Méditerranée que le problème de surexploitation est le plus aigu. Le dernier rapport du conseil scientifique technique et économique des pêches (CSTEP) qui porte sur 44 stocks (2), en distingue seulement 4 exploités au RMD. Les 90 % restants sont dans le rouge, en particulier les stocks de merlu, de rouget, de sardine, de baudroie, de poutassou (merlan bleu). L’analyse du CSTEP souligne une pression de pêche excessive, deux fois supérieure à une exploitation au RMD.

Bruno VAUDOUR

(1) L’AFH compte des scientifiques de l’Ifremer, IRD, Irstea, Inra, Agrocampus et des universitaires.
(2) Hors thon rouge

 

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