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PÊCHE : LA COUPE DANS LES QUOTAS S'ANNONCE SÉVÈRE

Atteindre le rendement maximum durable requiert du temps. Il sera difficile d’y arriver en 2015 estiment tant les scientifiques que les politiques. Mais au vu des propositions de quotas de Commission européenne, le processus pourrait s’accélérer.

La baisse des quotas annoncée inquiète la filière, notamment en Bretagne (Crédit : LF)

 

Pour les professionnels, les propositions de quotas dévoilées par la Commission fin octobre jettent un froid. Sur pas moins de 36 stocks, elle propose des taux admissibles de capture, des TAC, à la baisse. Pas des petites : de 20 à 63 % selon les zones de pêche pour le cabillaud, de 10 à 60 % pour la sole et de 20 à 40 % pour l’églefin. C’est en mer Celtique où les pêcheurs bretons travaillent beaucoup que les baisses les plus importantes sont souvent proposées. Sans surprise, l’OP Pêcheurs de Bretagne est vent debout contre ces propositions et le maintien des TAC pour 25 stocks voire le relèvement de 11 stocks en Atlantique n’y changera rien.

Mais la Commission estime que le niveau du RMD n’est atteint que pour de rares espèces telles la sole de Manche ouest ou la langoustine de mer du Nord. En revanche, elle estime que certains stocks dans certaines zones et sous-zones de pêche demeurent dans un état inquiétant à l’instar de la sole de Manche est, de l’églefin et du cabillaud de mer Celtique et de l’ouest Écosse.

Effort à poursuivre

Du côté des scientifiques aussi, on prônait une réduction des captures. De l’ordre de 5,6 %, tous stocks confondus, précise une étude de l’association française d’halieutique (AFH) *. Dans le détail, sur 124 stocks étudiés, les scientifiques recommandaient une augmentation des TAC pour 26 stocks seulement, la stabilité pour 49 et une baisse pour 49 autres.

Selon l’étude de l’AFH, les évaluations conduites en 2014 montrent que les 12 % des 144 stocks étudiés qui représentent 47 % des captures sous quotas sont exploités de manière durable dans les principales zones de l’Atlantique. Reste que selon les zones ou les stocks les progrès sont loin d’être homogènes. Nombre de stocks, qui représentent 27 % des captures sous quotas, se sont dégradés. Mais le plus gros problème reste celui de la méconnaissance des stocks… de 65 % des stocks. À commencer par les 26 stocks d’espèces d’eaux profondes où trois seulement font l’objet d’une évaluation scientifique.

La profession en colère

Les avis des scientifiques concordent avec les propositions de la Commission qui exige aussi plus d’efforts de sélectivité. Des efforts dans lesquels les professionnels bretons se sont déjà engagés, défend Jacques Pichon, directeur de l’organisation Pêcheurs de Bretagne, qui juge la base de discussion proposée par la commission « outrancière ». Des propositions qui vont être âprement discutées les 15 et 16 décembre à Bruxelles par les ministres européens de la Pêche.

A savoir :

L’étude AFH : synthétise les résultats obtenus par les groupes d'experts du centre international pour l'exploration de la Mer (CIEM) pour les 144 stocks des zones Manche-mer du Nord, mer Celtique-Ouest Écosse, et golfe de Gascogne-côte ibérique, auxquelles s'ajoutent les zones de grands fonds.