OCÉANS ACIDES, DANGER SUR LA FAUNE MARINE
Planctons, coquillages, crustacés, poissons…, toute la chaîne alimentaire marine est menacée par l’émission croissante de CO2.
Réduire les émissions de CO2 est la seule manière de minimiser l’acidification des océans, l’un des effets les plus préoccupants du changement climatique. Ce message fort porté par la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, le Comité scientifique pour la recherche océanique (SCOR) et le Programme international de géosphère-biosphère (IGBP), résume les conclusions de 540 experts de 37 pays.
Les océans, qui absorbent près d’un quart des émissions de dioxyde de carbone rejetées par l’homme dans l’atmosphère, ont vu leur taux d’acidité augmenter de 26 % depuis le début de l’ère industrielle. Chaque jour, la planète mer absorbe 24 millions de tonnes de CO2. Et si les émissions de gaz carbonique restent inchangées, ce taux devrait bondir d’ici 2100. À mesure que l’acidité des eaux marines s’accentue, la capacité d’épuration du dioxyde de carbone diminue et le rôle essentiel des océans dans la régulation du climat s’affaiblit.
Excès de CO2 : la mer fatigue
Si des organismes, comme les herbiers marins et certains phytoplanctons semblent pouvoir résister à des taux d’acidité plus élevés, d’autres, comme les coraux, les larves de mollusques et les crustacés sont directement menacés. Plus l’eau de mer est acide, plus le risque est élevé sur les espèces planctoniques, dont les coquillages qui transitent par une phase larvaire. À ce stade, leur fine coquille est très sensible à l’acidité. Maillon essentiel de la chaîne alimentaire, les copépodes pourraient disparaître en premier, or, ces petits crustacés en nombre dans le plancton, sont des proies privilégiées des poissons…
D’où les conclusions très pessimistes des experts qui prévoient des pertes de 130 milliards de dollars par an dans l’industrie des pêches, si les émissions de CO2 restent au niveau actuel. À moins de capturer le carbone artificiellement ou biologiquement dans l’océan, scientifiques et industriels y songent sérieusement.
B. VAUDOUR