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Norvège : la galaxie saumon en 2050

Le projet des Norvégiens d’atteindre 5 millions de tonnes de production aquacole en 2050 est-il faisable ? À cette question, PwC répond par une analyse passionnante des défis à relever.

De plus en plus capitalistique, la salmoniculture norvégienne va s’intensifier. Ici, la première plateforme offshore construite en Chine. (Crédit : www.news.cn)

 

[ Trois scénarios
de PwC :

optimiste, medium
ou pessimiste ]

Les 5,2 millions de tonnes envisagées au mieux par PwC supposent 100 % de feux verts des autorités. L’hypothèse medium de 3,3 millions se base sur 50 % de feux verts. La plus faible croissance conduit à une production d’1,7 million de tonnes en 2050. L’incertitude est forte sur ces prévisions vu les multiples facteurs qui interviennent : succès des nouvelles technologies, politique du gouvernement, lutte contre les poux…

L’objectif du gouvernement norvégien est de quadrupler le niveau actuel de la production salmonicole. Par leur politique d’octroi de licences, les autorités ont une influence déterminante sur la croissance future. Le système de décision actuel ou « Traffic light system » s’appuie sur des critères environnementaux. Il identifie treize régions de production dans lesquelles la présence de poux du saumon est l’indicateur de régulation de l’activité. Le niveau de prolifération des poux ayant des effets directs sur la contamination des saumons sauvages et le risque de mortalité. Huit régions obtiennent le feu vert des autorités, deux sont dans le rouge et trois en jaune. Dans son étude (1), PwC estime que ce système de régulation offre des opportunités mais le coût d’accès aux licences paraît trop élevé. La majorité des volumes supplémentaires disponibles étant mis aux enchères, cela favorise les poids lourds et la concentration du secteur.

Parmi les tendances directrices, le changement climatique et les exigences des consommateurs en faveur d’une production durable incitent les pouvoirs publics à renforcer les contraintes, souvent coûteuses en amont. Face à la montée des coûts d’élevage, l’industrie mise beaucoup sur l’automatisation, le développement des big datas et de l’intelligence artificielle pour augmenter la productivité. La hausse du prix des ingrédients marins fait émerger de nouvelles sources de substitution. Prioritaires sont les travaux en cours sur les microalgues, les farines d’insectes, les micro-organismes, les huiles végétales…

À court terme, l’autre priorité est la lutte contre la prolifération des poux, elle-même accentuée par le réchauffement climatique. À ce stade, les traitements biologiques ou à travers l’alimentation semblent plus probants que les systèmes mécaniques qui génèrent des mortalités et la fuite de saumons.

Gourmandes en investissement, les nouvelles technologies d’élevage sont porteuses mais elles posent la question des coûts. En particulier en offshore, alors que les systèmes fermés ou semi-fermés en mer et ceux en eaux recirculées à terre (RAS) paraissent les plus compétitifs à l’horizon 2050. Dans l’immédiat, les traditionnels trains de cages dans les fjords sont les plus efficients. S’ils sont les plus exposés à la montée en valeur des licences au fil du temps, ils ont encore de belles années d’exploitation en vue.

Bruno VAUDOUR

(1) « Sustainable growth towards 2050 »,
PwC Seafood barometer 2017, disponible sur internet.

 

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