Une nature déréglée et des petits pélagiques à la peine
Claire Saraux, coordinatrice à Ifremer Sète de l’étude ÉcoPelGol financée par France filière pêche, a présenté trois ans de recherches sur les petits pélagiques en Méditerranée. L’étude, lancée suite à l’effondrement des débarquements, rappelle l’historique des apports français. En 2007, 14 350 tonnes de sardines avaient été pêchées dans le golfe du Lion. Soit près de la moitié des sardines vendues dans les criées hexagonales, qui totalisaient cette année-là 29 467 tonnes. Les apports de Méditerranée française représentent désormais moins de 1 000 tonnes, alors que la production nationale oscille autour de 15 000 tonnes. Idem pour les anchois, dont la biomasse méditerranéenne s’est effondrée de 12 000 tonnes en 2001, à un millier de tonnes en 2007. L’an dernier, 4 500 tonnes ont été vendues en France. Pour Claire Saraux, cette situation est inédite depuis 150 ans. « Il y a davantage de sardines, détaille la scientifique, mais les poissons pèsent moins lourd. Ils sont plus petits, ont du mal à faire des réserves de gras. Leur maturité sexuelle est passée de 13 cm à 10 cm. » La pêche n’est pas en cause et le stock, que l’on croyait jusqu’à présent surexploité, vient d’être classé en « déséquilibre écologique » par les instances internationales. Les contenus stomacaux révèlent une alimentation moins énergétique, sans qu’on saisisse pour l’instant l’origine des changements de qualité des zooplanctons. Pour Philippe Vergnes, courtier et consultant pour des mareyeurs languedociens, « on prend enfin compte de la dimension environnementale du problème. Nous sommes face à une crise des apports et des problèmes de reproductions des poissons. La pêche n’y a jamais été pour rien. » Hélène SCHEFFER
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28 137 t de petits pélagiques ont été vendues |