« Maintenir la filière du frais »
- Une réunion importante pour la filière mer autour de la pandémie du Coronavirus Covid-19 s’est tenue en début de semaine. Quelles en ont été les grandes lignes ?
Elle s’est tenue à l’initiative des professionnels de la filière mer et de la DPMA, FranceAgrimer en a assuré l’organisation. Nous avons rassemblé toutes les familles professionnelles et l’administration. Le ministère a ainsi pu diffuser clairement les mesures de soutien et d’accompagnement aux entreprises. Il y a ensuite eu des discussions autour des mesures potentielles qui pourraient être spécifiques au secteur. Des annonces suivront dans les jours prochains, après discussions au niveau européen.
L’essentiel a surtout été d’affirmer tous ensemble l’importance de maintenir une activité au sein de la filière vis-à-vis des consommateurs. Le secteur alimentaire reste prioritaire et il faut assumer l’approvisionnement, notamment en produit de la mer frais. Le confinement va durer et les foyers ne peuvent se contenter de consommer des produits de longue conservation.
- Le message est important, mais l’amont a du mal a écouler sa production à de justes prix ?
Je pense que ce message national a rassuré la filière. Il est évident que le niveau local n’est pas facile à gérer face à la baisse des prix, mais il était important que les têtes de réseaux relaient cette information pour convaincre, trouver des conditions qui permettent de continuer à organiser cet approvisionnement. Dans un premier temps, de panique, la population se rue sur des produits comme les conserves. Et nous sommes en rupture de boîtes de thon. Mais la question du frais demeure cruciale pour un second temps. Après 10 ou 15 jours, une autre forme de consommation réapparaîtra. Et il est essentiel de ne pas créer de rupture dans la chaîne.
- Mais aujourd’hui, les bateaux ne souhaitent sortir que s’ils peuvent vendre au-dessus du prix de retrait ?
Une autre réunion a suivi avec la DPMA pour voir quelles mesures techniques pouvaient être envisagées, entre pêche côtière et hauturière. La filière cherche tout d’abord à organiser du stockage en froid pour pouvoir fluidifier des approvisionnements dans le temps, alors que les débarquements peuvent être chaotiques. Et elle discute de la possibilité d’arrêt temporaire, au contraire d’un arrêt total. Une sorte de roulement a organiser.
Un autre débat, pas simple, est l’adaptation des captures aux marchés. Une grande partie de la flotte est multi-espèce. Tout le monde ne débarque pas de quoi proposer des filets de merlu.
- Et quid des échanges entre pays et de la grande distribution ?
Nous avons été rassuré par le ministère sur le fait que l’import-export de produit alimentaire allait être pérennisé. Nonobstant la bonne santé des transporteurs, ils continuent de circuler. Cette information était attendue.
Et la grande distribution a constaté un relatif bon maintien des achats de vente en frais, particulièrement au rayon libre-service, avec des produits emballés donc.
- La GMS est-elle capable de remédier à la fermeture des marchés de la restauration ?
Cette fermeture est une réelle difficulté mais surtout pour les conchyliculteurs, qui font face à une succession de crises. La pisciculture marine, bar et daurade, souffre aussi de cette situation. Ces deux secteurs subissent des impacts très forts.
Pour le reste, la grande distribution répond présent. Hormis la problématique de la diversité des espèces et donc de la rentabilité, qui reste un point de discussion majeur, elle s’est montrée rassurante sur le niveau de consommation. Celle qui n’est plus réalisée dans les réseaux de la restauration collective et commerciale, est forcément assurée dans les foyers. Le repas qui n’est pas pris à la cantine l’est à la maison ! Les volumes devraient certes fondre sur les espèces haut de gamme comme la lotte ou la sole, mais le marché reste ouvert. L’enjeu du moment est de mettre en place des mesures qui convainquent les pêcheurs de continuer à sortir sans faire face à des prix trop bas.
Propos recueillis par Dominique GUILLOT