Les panés trop chargés en additifs
L’association de consommateurs CLCV dénonce la qualité des panés dans une enquête. Mais sur un marché aussi bataillé, les industriels jonglent avec les ingrédients pour faire baisser les prix.
Pointés ◗ Biens notés ◗ Moins bien |
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Qu’ils soient réfrigérés ou surgelés, classiques ou meunières, en nuggets ou fish & chips, les poissons panés restent trop chargés d’additifs, d’arômes, de sel ou de sucres ajoutés, déplore la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) dans sa dernière enquête. L’association de consommateurs, qui a échantillonné 42 produits sous marques de distributeurs et de marques nationales dans huit enseignes, dénonce également les écarts de quantité de poisson, une qualité nutritionnelle inégale et un étiquetage incomplet. La mention de l’origine et de l’engin de pêche n’étant pas obligatoire, ces informations figurent rarement sur les conditionnements. Côtés additifs, 52 % de l’échantillon contient des amidons modifiés pour texturer, des régulateurs d’acidité, des conservateurs, colorants et antioxydants. Des arômes figurent dans 21 % des produits et les sucres ajoutés dans 38 %. Ainsi, certains filets de limande du nord et de merlu blanc du Cap meunières cumulent une dizaine d’additifs et d’arômes. Même si la teneur en poisson varie de 35 à 80 % d’un pané à l’autre, la CLCV remarque que le pourcentage mentionné dans la liste des ingrédients est explicite. En moyenne, les recettes comprennent 63,2 % de poisson et c’est mieux qu’en 2016 (56,6 %). Un bémol concernant les produits pour enfants qui contiennent en moyenne moins de poisson (59 %), moins de filet mais plus de chair. Les croquettes, en particulier, sont moins garnies en poisson contrairement aux filets meunières non ciblés enfants. Les petits sont aussi à la peine avec des panés de moins bonne qualité nutritionnelle. « En moyenne, ils sont 10 % plus énergétiques, 14 % plus gras et 17 % plus salés que les produits non ciblés », souligne l’association. Par ailleurs, si seulement deux produits affichent le Nutri-Score, les calculs de la CLCV indiquent 9 % de références en C, ce qui est peu, contre 43 % en A et 48 % en B. Pas de hasard, les panés en C sont trop salés pour quatre d’entre eux. Revanche du surgelé sur le frais, le grand froid évite en majorité l’emploi d’additifs, de sucres ajoutés et d’arômes : 83 % des produits « sans » de la sélection sont surgelés. Une vérité de La Palice diront certains, car pourquoi mettre un conservateur dans un produit surgelé ? Bruno VAUDOUR |
[ L’avis des professionnels ] | ||
Laurent Froget, chef de marché restauration scolaire - référent développement durable « En GMS comme en RHD, le marché est très bataillé et il existe plein d’astuces pour baisser le prix du poisson pané. L’étude de la CLCV ne rentre pas assez dans le détail concernant la matière première, or, c’est déterminant. Prenez la chair, il peut s’agir d’une simple pulpe ou d’un haché moulé composé à la fois de pulpe et de filet cutterisé qui donnera de la texture. Ceci dit, l’écart de prix entre du bloc de filet de colin d’Alaska et de la chair de colin d’Alaska varie de 1,5 pour la chair à 3 euros/kg pour du filet. Encore faut-il préciser si c’est du filet simple ou double congélation. Le pourcentage de poisson, en chair ou filet, importe évidemment. Sachant que les fabricants peuvent inclure dans la pâte du calmar, des flocons de pomme de terre ou de la protéine de soja pour compenser une teneur plus faible en poisson. Mais dans le cas des panés premier prix, l’industriel ne marge que de quelques centimes au kilo. » |
Patrick Barinet, « Stigmatiser les poissons panés avec une étude simpliste me dérange. Tous les produits sont mis dans le même panier – croquettes, moulés, filets nature – et placés dans une « machine à laver » ! Prenez l’amidon, nécessaire pour fabriquer la panure, il y en a dans le pain, les croissants, cela ne choque personne mais pour le poisson pané, c’est mal. Et puis, l’association fait fi de la concurrence féroce alors qu’on travaille au quart de centimes. Elle ignore aussi des qualités qui correspondent à un prix : entrée de gamme, standard et premium. Enfin, comparer des produits destinés aux enfants avec des cibles adultes est discutable car les goûts ne sont pas forcément les mêmes selon les âges. Certaines recettes peuvent être mieux appropriées aux enfants avec l’absence d’arêtes ou une mâche facile. » |
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