Les enzymes à l’assaut des moules
Mytilimer va construire un pilote en baie du mont Saint-Michel pour valoriser les moules sous taille. Par hydrolyse enzymatique, le procédé aboutit à un jus riche en protéines et à des coquilles propres.
« La force de ce schéma, c’est que les deux produits obtenus sont sains. » Antoine Prévost, |
[ Retour sur le projet ]
R & D Horizon 2022 Débouchés
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Le groupement Mytilimer, qui commercialise 11 000 tonnes de moules par an entre ses six producteurs associés et ses partenaires, a annoncé fin août l’installation prochaine d’un pilote, entre ses sites de Cancale et du Vivier-sur-Mer, pour valoriser les petites moules. L’enjeu est de limiter les rejets de petites moules sur l’estran et en mer, à la hausse depuis que la mécanisation de la récolte implique de pêcher toute la production d’un bouchot plutôt que de prélever à la main les grappes extérieures. « Les moules sous taille représentent entre 15 et 30 % de la production de moules de bouchot en France », estime le groupement. D’autres sources font état d’environ 20 % de la récolte sous la taille marchande rendus à la mer après tri. Ce qui est de moins en moins toléré par les riverains, dénonçant des nuisances visuelles et olfactives. Les mytiliculteurs ont stoppé les dépôts en tas et se limitent à des rejets diffus, mais il n’est pas sûr que cette tolérance perdure. L’initiative de Mytilimer pour y remédier repose sur l’hydrolyse enzymatique, qui sépare la chair de la coquille. Une solution « économique et environnementale », développée par Mytililab, filiale de Mytilimer. « L’outil pilote permettra de tester les produits chez des partenaires pour valider la partie valorisation et donc le modèle économique, explique Antoine Prévost, directeur marketing, développement et innovation à Mytilimer. La force de ce schéma, c’est que les deux produits sont sains, les coquilles ne comportent plus du tout de chair. Il y a vraiment des marchés potentiels. » À terme, Mytilimer espère traiter 1 500 tonnes de moules, avec un gisement provenant à la fois de Normandie et des baies du mont Saint-Michel et de Saint-Brieuc. Le groupement reçoit déjà des récoltes de ces sites. Ce projet impliquerait qu’on lui confie de plus en plus de vrac et qu’il assure la phase de calibrage, afin « d’intégrer le traitement de ce produit dans le process global ». Et pourquoi pas, ouvrir l’outil à d’autres coquillages, pour couvrir plusieurs saisons. D’autres projets mûrissent en parallèle, depuis cinq à six ans, pour valoriser ces petites moules riches en nutriments : elles ont les mêmes qualités que les grandes, sauf la taille. Ainsi, le groupement Cultimer porte un projet de méthanisation, pour produire de l’énergie à partir de la matière organique, et des coquilles. Une thèse est à mi-chemin, « nous allons entamer les essais en pilote de laboratoire », indique Jean-Marie Grosmaître, de Cultimer. Le comité régional de la conchyliculture (CRC) de Bretagne nord est aussi impliqué dans le test d’un « écodigesteur » au Vivier-sur-Mer, l’Écocrobe, pour un débouché en agriculture. Et le CRC de Normandie-mer du Nord a validé la faisabilité technique du compostage de petites moules avec des déchets verts (projet Valmoco en 2015-2016). Il a l’intention de le mettre en place dans le secteur de Coutances. Tandis qu’Axel Brière, mytiliculteur en Bretagne sud (Pénestin), associé à d’autres producteurs dans Mussella, avance sur son projet de séparation et de valorisation de la chair de petites moules pour l’alimentation humaine. Personne ne prétend avoir la solution miracle, mais beaucoup cherchent, encouragés par les pouvoirs publics. Les divers projets sont complémentaires et l’enjeu est d’installer des unités de valorisation proches des gisements, pour organiser la collecte et résoudre l’équation économique : valoriser suffisamment ces produits, saisonniers, pour couvrir les coûts, notamment énergétiques. Des centaines, voire des milliers de tonnes sont en jeu. Solène LE ROUX |
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