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Les criées inégales face au Brexit

Le Brexit risque de fragiliser les flottilles et donc les criées du nord-ouest. Quelles parades développer ? Le bureau d’études Via Aqua a passé des pistes en revue. Qui font réagir.

La criée de Roscoff est la plus dépendante avec 63 % des ventes liées aux eaux britanniques. (Crédit : L.F.)

 

7 criées, toutes dans le nord-ouest, sont à haut risque : près de 30 % ou plus des ventes seraient impactées par un Brexit dur.

45 000 t vendues sous les criées françaises sont capturées en ZEE britannique.



 

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En rouge, les criées dont près de 30 % des apports et plus sont menacés
par un Brexit dur. Suivies des jaunes, des vertes puis des bleues, moins concernées.

 

 

 

 

 

 

Dès l’annonce du Brexit, les criées se savaient vulnérables, dans le sillage de la pêche. Une vulnérabilité qu’a quantifiée le bureau d’études Via Aqua, dans la foulée de son étude sur l’impact du Brexit sur le mareyage. Sans surprise, les criées du nord-ouest sont en première ligne avec un gros risque de baisse des volumes en cas de Brexit dur.

En tête, Roscoff, avec 63 % des ventes liées aux eaux britanniques. Puis Cherbourg, Boulogne-sur-Mer et Lorient qui jouent la moitié de leurs ventes. Et un trio avec Erquy, Le Guilvinec et Loctudy pour 25 à 32 % des ventes. Le risque est modéré pour sept criées où cet approvisionnement pèse de 10 à 23 % : Saint-Quay, Granville, Dieppe, Saint-Malo, Fécamp, Port-en-Bessin (en jaune sur la carte). La Rochelle est plus vulnérable que ses voisines du fait des apports extérieurs. Finalement, « dans le Finistère, beaucoup de criées sont peu dépendantes, avec moins de 5 % des apports concernés », chiffre Quentin Le Bras, du cabinet Via Aqua.

Mais personne n’est à l’abri. L’impact ne se limitera pas à la Manche et la mer du Nord. Via Aqua a passé en revue les parades pour maintenir les apports, ou au moins l’équilibre, des criées. En brassant large, quitte à déplaire. Diversifier les apports par plus d’achats extérieurs ? « C’est un peu déshabiller Paul pour habiller Jacques », déplorent des opérateurs… Pour résister, mieux vaut s’unir que se concurrencer. En tout cas, l’accueil est plus favorable au renforcement des coopérations entre criées, pour interconnecter des catalogues, créer des places de vente plus importantes. Voire aller jusqu’à une vente régionale unique si le séisme se confirme. Il y a aussi une marge de progression pour capter plus de volume des côtiers et inverser la tendance au développement des ventes parallèles (lire pages 8 à 10).

Offrir plus de services comme de la découpe, une offre en surgelés ? « Que chacun se concentre sur son métier », objectent les mareyeurs. Diversifier l’activité, par exemple avec le tourisme ? C’est effectivement en cours. Organiser l’accueil de navires britanniques avec un poste douanier ? La pêche le prendrait comme une provocation. Selon leur localisation, les places portuaires n’ont pas toutes les mêmes cartes à jouer. À Boulogne, l’enjeu est bien de rester au cœur des flux pour conforter la filière aval (lire pages 21 à 26).

Quentin Le Bras esquisse une piste prometteuse : faire des tests de marché sur des espèces sous-valorisées. « Le bulot est devenu l’espèce phare à Granville. Et la
nasse changeante a percé en Méditerranée : il y a cinq ans, elle n’était quasiment pas pêchée et elle se vend maintenant à 5 euros/kg sur les marchés italiens et espagnols. » Ces succès montrent la voie. « Vous avez bien un « bulot » chez vous… » Sans prendre le boulot des autres !

Solène LE ROUX





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