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Le traiteur frais, moteur de croissance

Crédit : Lionel Flageul

 

Avec une croissance fulgurante de 15,1 % des ventes sur deux ans, le secteur du traiteur frais confirme son rôle de moteur pour la grande distribution.

 

L’interprofession des entreprises du traiteur frais (ETF) a de quoi se réjouir  : les ventes ont progressé de 15,1 % en deux  ans, contre 1,3  % pour l’ensemble des produits de grande consommation. Cette hausse spectaculaire révèle une tendance déjà présente et accélérée par la crise. À noter que toutes les catégories du traiteur frais sont à la hausse d’au moins 10 %. Et le segment de la mer n’est pas en reste avec +17,8 %. La fermeture des restaurants et cantines a relancé la consommation à domicile et les produits traiteur sont appréciés par les consommateurs : pratiques, stockables, sûrs, goûteux, utilisables comme plat ou ingrédient… l’idéal pour préparer à manger à l’heure du télétravail.

Ce qui n’exclut pas des questions sur la composition des produits, les emballages ou encore l’origine et la qualité des matières premières. Pascal Bredeloux, président d’ETF, rappelle le rôle de « moteur de croissance » mais aussi de « citoyen » que le secteur du traiteur frais occupe selon lui. Il souhaite ainsi s’appuyer sur cette confiance pour répondre aux questionnements et attentes. L’offre a ainsi elle-même crû de près de 10 % entre mai 2020 et mai 2021. Le choix est le critère le plus important pour les consommateurs face à un rayon traiteur, pour juger de sa qualité et son attractivité. Les professionnels l’ont bien compris   : «  Faire évoluer l’offre, c’est notre quotidien  », affirme Philippe Rondeau, président du groupe GMS des ETF. L’étude d’IRI démontre clairement la relation entre la hausse de la variété des produits et l’augmentation des ventes. Le prix est le dernier critère.

Un constat qui amène Pascal Bredeloux à souhaiter la fin de « la guerre des prix ». IRI identifie deux  comportements des consommateurs face au rayon traiteur  : les achats planifiés, qui s’inscrivent dans la gestion du foyer et du frigo, et les achats d’impulsion, qui répondent à une envie immédiate en magasin. La crise du Covid- 19 les a tous deux amplifiés. La réduction du nombre de passage en magasin oblige à une meilleure gestion du frigo. Et l’angoisse liée au contexte sanitaire pousse à consommer des produits de confort. Le « fait maison » s’est largement développé, ce qui bénéficie aux produits traiteur pouvant être utilisés comme ingrédients. mais aussi un besoin de sécurité, avec une explosion de l’e-commerce et du drive en GMS. Une partie des consommateurs, notamment les plus jeunes, utilise ce rayon comme «  garde-manger  », en achetant des produits avalés dans l’instant. La croissance du rayon traiteur s’accompagne de celle de certains circuits de distribution. Face au Covid, deux tendances s’affichent : un désir de proximité qui profite aux commerces alimentaires traditionnels (+13 %) et aux enseignes à dominante marques propres (+8,9 %). « Cette tendance ne date pas de la crise, affirme Éric Birlouez, sociologue de l’alimentation. Elle est présente depuis quatre ou cinq ans. » 

Les attentes d’une part de la société en matière d’alimentation ont évolué, et portent sur des questions de santé, d’impact environnemental, d’éthique alimentaire, en plus de celles, historiques, sur la sécurité, le goût ou le prix. Selon l’étude d’IRI, trois leviers majeurs sont à actionner pour pérenniser cette croissance  : développer une offre de qualité et variée ; jouer sur la théâtralité des rayons pour les rendre attractifs ; et mettre en avant les produits nouveaux et innovants. Portées par leur optimisme, les entreprises du traiteur frais placent leurs produits dans la lignée de la gastronomie française. Et même s’ils restent attentifs aux questions sociétales en matière d’environnement (emballage, saisonnalité des produits, etc.), ils ne souhaitent pas perdre de vue la notion de plaisir.

 

Vincent SCHUMENG 

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