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Le saumon norvégien prend le large

L’offre mondiale de saumon d’élevage atteint un palier et les prix atteignent des niveaux records. Pour répondre à la demande, les ténors norvégiens veulent relancer la machine par la salmoniculture offshore.

(Crédit photo : DR)

 

Repères

2,16 millions de tonnes, c'est la production mondiale de saumon atlantique d’élevage,
dont 67 % par la Norvège. L’offre totale baisse de 13 % en 2016 et les Norvégiens prévoient -10 % en 2017.



Prix export record :

7€/kg le kg de saumon norvégien à Pâques, le prix critique pour les acheteurs européens se situe autour de 5,40 € selon Nordea.

 

Les technologies de l’offshore pétrolier inspirent les producteurs de saumon norvégiens. Ocean Farming AS, filiale du groupe Salmar, un des poids lourds du saumon norvégien, vient de recevoir l’autorisation d’expérimenter une ferme pilote au large de Trondheim.

Jusqu’en 2015, la production mondiale du saumon d’élevage n’a eu cesse de grimper, mais la mécanique de croissance s’essouffle et les Norvégiens n’anticipent pas de reprise réelle avant 2020. Face à la hausse de la demande mondiale, l’industrie norvégienne du saumon se sent à l’étroit dans les fjords, où la concentration des cages pose des problèmes sanitaires et environnementaux.

Tous les regards se tournent maintenant vers le large, avec de nouveaux concepts d’aquaculture en mer ouverte. Depuis plusieurs années déjà, les ténors de la salmoniculture peaufinent des projets à grande échelle allant de 7 000 à 10 000 tonnes de saumon. Suite au feu vert donné début avril par le ministère du Commerce et des pêches norvégien pour de nouvelles concessions en mer ouverte, les projets sortent des cartons.

La concession octroyée à Ocean Farming AS permettra de lancer la ferme pilote automatisée. Le projet se base sur une structure de 110 mètres de diamètre, haute de 67 mètres et d’un déplacement de 5 600 tonnes.

L’ensemble s’articule autour d’une colonne centrale dotée d’une salle de contrôle, d’un espace de vie pour trois ou quatre personnes et de silos d’aliments. L’investissement atteint 690 millions de couronnes (73 millions d’euros). Konsberg, spécialiste des technologies et de l’ingénierie pétrolière, apporte un savoir-faire important dans le système de gestion et de contrôle de la ferme, en partie submersible, ancrée entre 100 et 300 mètres de fond.

Le milieu ouvert offre en effet des conditions biologiques d’élevage favorables à une production de masse, en particulier pour limiter l’exposition à la prolifération des poux de mer sur la peau des saumons. La lutte contre ces parasites génère des coûts élevés en salmoniculture et le recours aux pesticides, en particulier au peroxyde d’hydrogène, agresse l’écosystème marin. De nombreuses techniques alternatives à la chimie sont opérationnelles, en particulier la lutte intégrée avec les poissons nettoyeurs, mais elles génèrent des investissements élevés.

Autre avantage du modèle offshore, selon les industriels du saumon : les courants du large disperseront rapidement les rejets très importants des saumons, vu les biomasses prévues. De quoi inciter les autres groupes salmonicoles à suivre cette voie. Royal Norway Salmon et l’équipementier Aker ont annoncé un projet commun de grandes cages submersibles. Le géant mondial Marine Harvest (436 000 tonnes prévues cette année) planche sur une structure ovale fermée, the Egg, testée sur des concessions spécifiques entre 2016 et 2018.

La compagnie Nordlaks est aussi sur les rangs avec un navire de 430 mètres comprenant six cages de 60 mètres de profondeur, capables de contenir deux millions de poissons. Construit par NSK Ship Design, ce « bateau ferme » en acier dénommé Havfarm coûte 600 à 700 millions de couronnes (63 à 73 millions d’euros).

Bruno VAUDOUR

 

     

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