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Le rori titi protégé, une manne à l’export disparaît

Deux espèces d’holothuries exploitées en Polynésie, le rori titi blanc (ici) et le noir, sont désormais protégées par la Cites. (Crédit : Frédéric Ducarme)

 

3 384
Holothuria fuscogilva
ont été prélevées
en 2018. 
Soit 1 656 kilos.

 

En Polynésie, les holothuries sont exploitées depuis 2008, et largement exportées. Mais la principale espèce prélevée a rejoint la liste des espèces protégées par la Convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (Cites). Le 28 août, deux espèces d’holothuries ont été inscrites à l’annexe II de la Cites : Holothuria whitmaei et Holothuria fuscogilva.

La pêche commerciale d’holothuries (les rori) en Polynésie française, démarrée en 2008, avait atteint des exportations record en 2011 et 2012 (125 tonnes). En 2012, la pêche a été réglementée. En 2018, cinq comités de gestion ont vu le jour pour faire appliquer la réglementation et assurer la traçabilité des produits du pêcheur au commerçant.

Cette pêche se pratique aux Tuamotu et concerne cinq espèces d’holothuries, dont Holothuria whitmaei (ou rori titi noir) et Holothuria fuscogilva (rori titi blanc). Cette dernière représente 60 % des prises. En 2019, le chiffre d’affaires était de 21 millions de francs CFP (175 000 euros). En 2018, 27 pêcheurs ont récupéré 7 202 holothuries (toutes espèces confondues). Soit un poids total net de 2 287 kilos. Deux exportateurs ont assuré l’envoi de la marchandise vers Hong Kong.

La protection du rori titi blanc est un sérieux coup de frein à l’activité. Les pêcheurs le vendaient 7 000 francs CFP le kilo aux exportateurs (58,3 euros/kg), et les autres espèces se vendent autour de 1 800 francs CFP (15 euros/kg). Roger Tchen Pan, exportateur, indique que certains pêcheurs n’ont même pas fait de demande d’exploitation pour cette année.

L’abondance de la ressource est inconnue. Un état des lieux devrait démarrer sous peu. Et un projet d’aquaculture du rori titi blanc se profile. « Nous avons signé un partenariat entre la Direction des ressources marines (DRM), l’Ifremer, et un privé pour l’exploitation de rori titi blanc. Le phase de R&D est lancée », affirme Cédric Ponsonnet, le directeur de la DRM.

Delphine BARRAIS



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