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L’ASC en passe de devenir le nouveau standard ?

D’ici deux ou trois ans, l’ASC (Aquaculture Stewardship Council) va devenir le nouveau conventionnel sur la crevette », prédit Gaëtan Mercier, directeur des opérations de Gel-Pêche. S’orienter au maximum vers les produits certifiés représente d’ailleurs l’un des deux axes stratégiques de l’entreprise, le second portant sur les produits de niche, avec sa filière historique de pêche responsable à Madagascar. La crevette sauvage y est congelée à bord 30 minutes maximum après la sortie du chalut. Là aussi, la gestion de la ressource est raisonnée : arrêt de la pêche pendant six mois pour préserver les stocks, mailles adaptées pour laisser passer les juvéniles, trappes anti-tortues et poissons sur les filets, etc.

Sur les crevettes d’aquaculture, les critiques habituelles sont de plusieurs ordres : déforestation des mangroves, pollution de l’environnement, répartition inégale de la valeur au détriment des producteurs (rapport Oxfam). Cuiseurs, distributeurs et consommateurs recherchent alors logiquement des gages de réassurance. « Le consommateur français considère la crevette comme un produit sain et est modérément attaché aux origines. En revanche, les certifications ASC ou bio le rassurent et sont un vrai « plus » », analyse Julie Nguyen, chargée marketing et communication chez Crusta C.

Non sans paradoxe. « Les acheteurs européens veulent de l’ASC, mais ils restent surtout sensibles au prix des crevettes. Quant au consommateur, il ne sait pas ce que c’est ! », affirme l’expert Hervé Lucien-Brun. Et de rappeler que les critères du cahier des charges ASC portent principalement sur le respect de l’environnement et le respect du droit du travail, et non sur la qualité intrinsèque du produit.

Autre limite du standard ASC : « Il existe des différences importantes entre producteurs tous certifiés ASC. Il faudrait presque un système de « grades », mais ce n’est pas envisageable sous peine de perdre le consommateur », regrette Gaëtan Mercier. Hervé Lucien-Brun déplore « que les certifications soient payées par le certifié, alors qu’à mon sens le financement devrait être neutre ».

L’écart de prix entre ASC et conventionnel sur la vannamei se réduit. Avant de l’ordre de 1 à 2 dollars d’écart par kilo, il est tombé entre 0,30 à 1 dollar/kg sur les produits à gros volumes, pour la cuisson. Sur le bio, le surcoût est supérieur : de l’ordre de 1,5 dollar/kg sur la vannamei (et jusqu’à 7 à 8 dollars/kg d’écart sur la monodon bio, produit de niche).

 

Retrouvez notre dossier complet : Crevettes : les cartes rebattues

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