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La spiruline solidaire

Fournir un aliment bon pour la santé à destination des plus démunis en soutenant la réinsertion professionnelle, telle est l’ambition du projet des Paniers de la Mer. Une innovation éthique à soutenir.

Deux serres de 250 m2 contenant chacune 160 m2 de bassin, telle est la taille actuelle du chantier des Paniers de la Mer à Riantec. En 2018, 165 kg de spiruline sèche en sont sortis.(Crédit photo : DR)

 

[ Uni-Vert, un  projet social ]

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Le projet
Porté par la fédération des Paniers de la Mer, le projet Uni-Vert a fédéré autour de lui Brit’Inov, l’Adria, AlgoSource. Un partenariat qui lui a permis d’être labellisé par Valorial et ainsi d’être soutenu financièrement.
Au total, 560 000 euros ont été accordés notamment par les régions Bretagne et Pays de la Loire pendant quatre ans.

L’idée
Tester la mise en place d’un chantier de réinsertion pour produire de la spiruline destinée à être valorisée dans les circuits de l’aide alimentaire auxquels 4 millions de personnes ont recours pour se nourrir.

Les travaux
Les Paniers de la Mer ont construit des serres et un laboratoire à Riantec. Du fait d’un problème de contamination liée à l’eau de forage, l’entreprise a expérimenté d’autres souches, travaillé avec l’eau de la commune et intensifié les contrôles. Quatre personnes en parcours de réinsertion travaillent sur le chantier.
L’Adria a étudié des pistes de valorisation dans des produits alimentaires type compotes, soupes ou tartinables. Presque un impératif pour intégrer et conquérir le public de l’aide alimentaire.

Ambition
Trouver des voies de commercialisation pour essaimer
le projet ailleurs en France.

 

Dans les allées du Sial, un petit sachet de paillettes de spiruline 100 % locale et solidaire attire l’œil. La sirène qui s’affiche sur le pack n’y est pour rien. C’est le nom du fabricant qui interpelle : la fédération des Paniers de la Mer.

Créée en 2003, cette organisation favorise l’insertion dans la vie active de personnes en difficulté, en leur faisant notamment travailler des produits de la mer invendus pour en faire bénéficier les circuits de l’aide alimentaire. Alors que les invendus ne cessaient de baisser, Hélène Rochet, l’ancienne présidente de la fédération, s’est penchée dès 2013 sur une diversification dans la spiruline, reconnue comme superaliment pour sa richesse en protéines et en oligoéléments, qui manquent souvent dans l’alimentation des plus défavorisés.

Une étude de faisabilité a été réalisée avec le soutien de la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) Bretagne et la Fondation Carrefour avant que le projet, baptisé Uni-Vert, ne soit lancé en 2015. « Ses objectifs, à réaliser sur une période de quatre ans qui s’achève le 31 décembre 2018, étaient de trois ordres », précisent Jean-Marie

Le Buan, directeur de la fédération des Paniers de la Mer, et Pascal Mahé, responsable du Panier de la Mer 56, installé à Lorient. Premier d’entre eux, évidemment, produire de la spiruline, acquérir de l’expérience dans l’exercice et des références pour essaimer l’initiative dans d’autres chantiers d’insertion. Deuxième objectif : former des personnes éloignées du monde du travail aux besoins d’une filière en développement. Enfin, évaluer l’intérêt des bénéficiaires de l’aide alimentaire pour la spiruline. « En théorie, les qualités nutritionnelles ont un véritable intérêt pour ce public. Malheureusement, beaucoup voient dans la spiruline une nourriture pour bobos. Ils ne savent pas quoi en faire et ne sont tentés ni par le goût, ni par la couleur, poursuit Pascal Mahé. Nous avons du mal à la vendre aux structures d’aide alimentaire, même au prix de 2 euros les 100 grammes quand il faudrait afficher un prix de 15 euros pour se passer des aides publiques. Or, dès le 1er janvier 2019, nous n’en aurons plus. »

D’où la présentation des sachets au Sial 2018. « Pour pouvoir poursuivre l’activité, il faudrait que nous puissions vendre notre stock de 200 kg, soit en sachets de 100 grammes, soit en plus grande quantité pour des industriels qui souhaiteraient ajouter de la spiruline dans des compotes, des soupes, etc. », ajoute Jean-Marie Le Buan. C’est l’Adria, centre d’expertise agroalimentaire, un des partenaires du projet Uni-Vert, qui a été chargé d’explorer de nouvelles voies de valorisation pour la spiruline en s’attachant à ce que les qualités nutritionnelles de la cyanobactérie ne soient pas perdues au cours du process.

« Si la vente du stock nous rapportait 30 000 euros, nous pourrions travailler la question de la commercialisation et continuer l’aventure, la partager. » Peut-être qu’alertées, les entreprises du cluster Brit’Inov, centré sur les problématiques nutrition santé et partenaire d’Uni-Vert, se porteront candidates.

Car d’un point de vue technique, l’expérience est un succès. Sur un terrain mis à disposition par la commune de Riantec (Morbihan) au chantier d’insertion Optim-ism, les Paniers de la Mer ont pu, dès 2015, installer leur première serre pour produire de la spiruline et installer leur labo, dans un préfabriqué, pour la récolter, la presser, la sécher et la mettre en paillette. « Plusieurs souches, fournies par AlgoSource, autre partenaire du projet, ont été testées, cultivées, mises en hivernage, indique Pascal Mahé. En 2017, nous avons construit une seconde serre et avons été capables de produire près de 165 kg de spiruline sèche. » Les soucis rencontrés au fil de l’expérience ont permis de parfaitement maîtriser la problématique des contaminants, de valider le process de transformation, « qui n’est pas très coûteux en soi », et de fournir à quatre personnes une activité de réinsertion.

Céline ASTRUC

 

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