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La saison langoustine 2019 démarre piano


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Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Après une année exceptionnelle pour les pêcheurs côtiers de langoustine en 2016 (4 682 tonnes) et de bons rendements en 2017 (3 891 tonnes), les captures françaises sont tombées à 2 170 tonnes en 2018. « Cela n’est pas lié à un problème de ressource car les évaluations scientifiques du stock montrent que la langoustine est là. Mais c’est une pêcherie aléatoire, qui dépend de la capturabilité du crustacé, le fait qu’il sorte ou non de son terrier », explique Thomas Rimaud, chargé de mission pour l’organisation de producteurs (OP) Les Pêcheurs de Bretagne, qui concentre 75 % du quota français dans le golfe de Gascogne. Les rendements 2018 sont à des niveaux équivalents à ceux de la campagne 2012-2013, qui faisait également suite à deux très bonnes saisons.

Du fait de la rareté, les prix à la première vente sont montés, au niveau de l’OP, à 11,80 euros/kg en moyenne, contre 10,50 euros en 2016 et 2017. « En 2016, des mesures de gestion internes avaient été mises en place afin de gérer les quotas jusqu’à la fin de l’année et éviter des accidents de marché », précise Thomas Rimaud.

Pour l’année 2019, les quotas sont en hausse de 7 % pour les pêcheurs français, à 3 645 tonnes dans le golfe de Gascogne. Depuis janvier, « les volumes sont un peu meilleurs que l’année dernière mais restent moyens », souligne le chargé de mission. Les adhérents de l’OP ont débarqué, entre janvier et avril, 602 tonnes de langoustine, un chiffre en hausse de 21 % par rapport à la même période l’année dernière, vendues au prix moyen de 11,80 euros/kg (- 9 %). Un chiffre plus élevé qu’en 2014 sur ces quatre premiers mois de l’année (11,27 euros), pour des volumes débarqués équivalents.

Même si la langoustine est pêchée régulièrement toute l’année, le pic de production s’étale traditionnellement de mai à août. « En cas de faibles captures comme l’année dernière, les pêcheurs se tournent vers d’autres métiers en fin d’année au lieu d’insister », indique Thomas Rimaud.

La langoustine des chalutiers côtiers est très largement débarquée vivante, principalement en Bretagne sud (Le Guilvinec, Lorient et Concarneau), après des marées de 24 à 48 heures maximum. Quelques chalutiers hauturiers bigoudens opèrent en mer Celtique et débarquent de la langoustine glacée mais les tonnages restent marginaux.

La consommation de ce fragile crustacé est concentrée dans le grand ouest et sur les zones côtières. Le taux de pénétration de la langoustine fraîche est de 20 % dans l’ouest contre seulement 5 % dans le reste de la France. L’un des enjeux des Pêcheurs de Bretagne est « d’optimiser la vitalité de la langoustine sur l’ensemble de la filière », souligne Thomas Rimaud. L’année dernière, à travers le projet Vivant, des expérimentations de bonnes pratiques ont été menées sur les bateaux de pêche, à terre et lors du transport, avec de bons résultats. « Cette année, nous poursuivons cette démarche à plus grande échelle, en équipant quelques bateaux d’écumeurs dans les viviers et en travaillant avec certains mareyeurs. Le but est de voir comment le produit est perçu et valorisé en bout de chaîne. » Des tests d’acheminement de langoustines vivantes vers Paris sont envisagés. « Ce projet permettra de gagner d’autres marchés lors des années de forte production mais surtout de mieux valoriser ce qui est débarqué », précise Thomas Rimaud.

Car généralement, les volumes de langoustines françaises n’ont aucun mal à trouver preneur. En effet, la consommation française est largement supérieure à la production nationale. Selon l’Eumofa (1), les importations ont atteint 5 903 tonnes de langoustine en 2017 (pour 92 millions d’euros). Un volume en baisse de 23 % depuis 2008, compensé par la hausse du prix moyen de 8,13 à 10,46 euros/kg. En dix ans, les importations de langoustines fraîches ont fortement baissé (- 39 %), alors que le segment surgelé se maintient.

Les pics de consommation se situent entre mars et juillet, au moment où la production est la plus forte, et lors des fêtes de fin d’année. Selon FranceAgriMer, la valeur totale de la consommation de langoustine des ménages français a augmenté de 12 % depuis 2012, pour atteindre 49,6 millions d’euros en 2017, avec un prix de vente au détail, toutes formes confondues, de 15,50 euros/kg. Dans la grande distribution (65,9 % des volumes), la demoiselle vivante constitue souvent un produit d’appel peu margé.

Ève CHALMANDRIER
(1) « Étude de cas : la langoustine dans l’Union européenne », Eumofa, mars 2019