La république de la Cotinière
Pas question pour le patron du Pulsar, un fileyeur-palangrier de 11,90 m, de rester scotché dans sa passerelle au moment du virage. Franck Méteau démaille comme à son habitude, avec son équipage, sur le pont. Avec plus de 400 kg de maigre sur moins de 500 mètres de trémails dérivants, la pêche est particulièrement bonne, dans les courreaux sud de l’île d’Oléron en ce matin de juin. Un métier tout en finesse, que Franck pratique l’été, avant de cibler le bar à la palangre, puis la sole au trémail.
Issu d’une famille de pêcheurs, l’homme a grandi à la Chefmalière, hameau voisin du port de la Cotinière, sixième port de pêche français avec 5 500 tonnes par an. À bientôt 50 ans, il affiche déjà une trentaine d’années de mer. Après des débuts au large et au chalut, il se forme aux métiers polyvalents de la côtière qui assurent la régularité des apports du port artisan charentais. Brevet de motoriste, puis capacitaire en 1992, patron salarié sur le Riquita, il acquiert à 26 ans, fin 1994, le Pulsar, à une grande figure locale, Pierrot Lagarde, de Royan.
À cette époque, la pêche française sortait à peine de deux années terribles de crise. Mais qu’importe, Franck appartient à une génération cotinarde très enthousiaste, âpre au travail et guidée par des précurseurs comme Daniel Papineau qui ont participé à la renommée du port, autrefois inconnu. Franck n’a cessé d’investir dans son bateau, de s’impliquer fortement dans la profession. Administrateur, puis trésorier, il est devenu président de l’OP de la Cotinière en 2011. Une période où les tensions entre OP, comme avec l’administration parisienne, n’étaient pas rares lors des négociations sur les quotas d’espèces aussi sensibles que vitales, comme la sole.
Pour le patron de pêche, il est l’heure de transmettre sa passion. À commencer par son fils Paul qui, à 21 ans, vient de rejoindre l’équipage du Pulsar. Ce dernier, élu meilleur apprenti de France au lycée maritime de La Rochelle (en bac pro), croque la vie de marin-pêcheur à pleines dents et se prépare à prendre la relève avec autant, sinon plus, de motivation. Ils sont une quinzaine de jeunes, à la Cotinière, à être comme lui : des vrais passionnés de pêche, désireux de devenir des patrons pêcheurs. Des ambitions qui pourraient faire rêver bien des ports français.
Pour s’offrir une bouffée d’énergie, un voyage à la Cotinière s’impose. À cette occasion, Franck se fera un plaisir de vous faire déguster son maigre, à la Pigouille.
Texte et photos : Lionel FLAGEUL
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