La Mauritanie chouchoute les transformateurs
Le potentiel halieutique de la Mauritanie a de quoi faire rêver les transformateurs : 1 million de tonnes de pélagique, 50 000 tonnes de céphalopodes et 150 000 tonnes de poissons démersaux pourraient être capturés, sans oublier les 300 000 tonnes de coquillages disponibles. « Mais seulement 70 % de ce potentiel est exploité, indique Leslie Widmann, directrice générale d’Odyssée Développement, conseiller technique en charge de la valorisation des captures auprès de l’autorité nationale de la zone franche de Nouadhibou (ANZF). « L’essentiel de ces captures est congelé bord, faute de ports pour accueillir les hauturiers. Les volumes sont directement expédiés vers l’Asie ou l’Espagne pour être transformés. »
Une situation insoutenable dans un pays où le taux de chômage flirte avec les 30 %. En 2013, le gouvernement mauritanien a donc décidé de créer une zone franche, sur la presqu’île de 50 km de Nouadhibou, où les investisseurs, qui seront totalement dédouanés à l’import comme à l’export, pourront transférer leurs devises et bénéfices à tout moment. « Un élément inscrit dans la loi, donc indépendant de la situation politique », confirme El Jeilany Ould Cheikh, secrétaire général de l’ANZF. Nul besoin non plus de trouver un copartenaire mauritanien pour investir, il suffit de déposer son dossier auprès du guichet unique de l’ANZF.
La seule contrepartie exigée : « Recruter six Mauritaniens au minimum et créer de la valeur ajoutée », indique Housseinou Bal, directeur du développement de l’ANZF. Il espère d’ailleurs que le degré de transformation ira plus loin que le seul filetage. Mais El Namy Yacoub, directeur général de l’entreprise Starfish, installée dans la zone franche, estime que le projet ne fonctionnera « que si une partie de la valeur ajoutée peut être réalisée en Europe », en exportant par exemple des céphalopodes semi-transformés.
Céline ASTRUC
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