La criée de Fécamp s’étend à la Côte d’Albâtre
Saint-Aubin-sur-Mer (ici) : c’est l’un des multiples petits points de débarquement de la côte d’Albâtre, qui compte deux criées, Dieppe et Fécamp, cette dernière étant jusqu’ici privée. La création de la SEM (société d’économie mixte) Criée de Fécamp Côte d’Albâtre le 14 octobre, où le département de la Seine-Maritime est majoritaire, conforte et étend le périmètre de cet outil de vente collectif.
La situation était quasiment unique en France : la première mise en marché des produits de la mer à Fécamp était effectuée par une entreprise totalement privée, la SARL de la criée de Fécamp, créée en octobre 2010 par Yvon Neveu, patron-armateur fécampois. Or deux des trois actionnaires de la SARL vont faire valoir leur droit à la retraite en novembre. Le département, autorité portuaire des ports de pêche de Fécamp, du Havre et du Tréport, a organisé la création de cette SEM pour reprendre l’activité de la criée, afin de « permettre, notamment aux pêcheurs fécampois, de continuer à bénéficier des services de la criée pour la commercialisation de leurs produits ». Sept actionnaires sont parties prenantes : département (72,5 %) ; CCI Seine-Estuaire (8,33 %) ; CCI des Hauts-de-France (8,33 %) ; Yvon Neveu (5,56 %) ; Stéphane Savoye (2,77 %), le directeur de la criée depuis début octobre ; agglomération de Fécamp (1,67 %) et la Capa (0,83 %), coopérative des artisans pêcheurs associés, gérée par Olivier Becquet au Tréport. Jusqu’à la fin de l’année, Yvon Neveu reste aux manettes de l’outil, avant son plein remplacement par Stéphane Savoye.
Le port de pêche de Fécamp abrite 31 navires de pêche artisanale, débarquant près de 4 000 tonnes par an, dont autour de 2 500 tonnes vendues par la criée en 2019, pour une valeur de 7,9 millions d’euros (prix moyen 3,08 euros/kg). Depuis dix ans, le chiffre d’affaires de la criée fluctue entre 6 et 10 millions d’euros pour un volume de transactions compris entre 2 500 et 4 000 tonnes. Les principales espèces vendues en criée en 2019 : coquille Saint-Jacques, bulot, plie, roussette et sole. L’encornet, 10e espèce en volume, se place 4e en valeur.
Mais au-delà de Fécamp, le département, sur 130 km de côtes, compte 3 autres points de débarquement majeurs pour la pêche : Le Havre et Le Tréport, aussi gérés par le département, représentant environ 12 000 tonnes de produits de la pêche débarquées par an ; et la criée de Dieppe (gérée par le syndicat mixte Ports de Normandie où la région est majoritaire). Il y a aussi de multiples petits points de débarquement comme Saint-Aubin-sur-Mer : Saint-Jouin-Bruneval, Yport, Étretat, Saint-Valéry-en-Caux, Quiberville… Un des objectifs de la création de la Sem est de mettre en réseau les points de débarquement, et organiser les ramasses de produits pour in fine augmenter les volumes mis en marché à Fécamp, pour plus de transparence. Aujourd’hui, une grande partie de ces volumes sont vendus en direct, de manière opaque. Des actions pour améliorer la qualité sont aussi en réflexion. La Sem a jusqu’au 1er janvier pour affiner ses plans et être pleinement opérationnelle en janvier.
Solène LE ROUX