Irlande-France en ligne directe
Alors qu’une grande partie des exportations irlandaises vers le continent transite par le Royaume-Uni, la perspective d’un Brexit sans accord met en lumière les lignes maritimes directes entre la France et l’Irlande.
L’Irlande a exporté Source : Eumofa |
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Le 15 mars, le nouveau ferry d’Irish Ferries, le WB Yeats, a accosté à Cherbourg. Ce géant de 195 mètres dispose de 2 800 mètres linéaires de pont-garage, permettant d’embarquer 165 camions contre 60 à 70 pour son prédécesseur, l’Oscar Wilde. « Nous avons plus que doublé nos capacités de transport », souligne Nora Costello, directrice marketing pour Irish Ferries. Le WB Yeats effectuera jusqu’à sept traversées par semaine, officiant de mi-mars à septembre sur la ligne Cherbourg-Dublin. L’Epsilon, qui dispose des mêmes capacités pour le fret, prendra le relais entre octobre et mi-mars. « Dans le climat incertain du Brexit, nos clients transporteurs ont besoin d’un service constant et d’horaires réguliers », indique Nora Costello. La compagnie recentre ainsi ses rotations franco-irlandaises sur Dublin et Cherbourg, au détriment de Rosslare et Roscoff. « Le choix de Dublin, la capitale, est une demande de nos clients. Le port de Cherbourg a, lui, investi dans une passerelle spéciale pour pouvoir accueillir le WB Yeats et c’est un accès plus central au reste de la France », souligne la directrice. De cette façon, la compagnie irlandaise souhaite proposer « une alternative crédible au landbridge (1), d’autant plus intéressante pour les produits frais que Dublin-Cherbourg est une des lignes les plus courtes pour rejoindre le continent, soit 17 heures de traversée ». En effet, un retour des barrières douanières aurait pour conséquence d’augmenter les temps de transport et des coûts additionnels pour les exportateurs irlandais transitant par le Royaume-Uni. Les ports irlandais et les compagnies maritimes ont donc une carte à jouer. De son côté, Brittany Ferries a lancé en 2018 une nouvelle offre Roscoff-Cork-Santander, en Espagne, à raison de deux allers-retours par semaine. Renforçant de fait la desserte existant entre la France et l’Irlande. Le nombre de camions transportés entre Cork et Roscoff est ainsi passé de 494 sur la saison 2016-2017 à 1 059 en 2017-2018. La compagnie bretonne « n’envisage plus de renforcement de ces deux lignes dans un avenir proche ». Dernier acteur sur ce créneau, Stena Line n’a « pas constaté d’effet Brexit ou d’augmentation de la demande sur sa route Rosslare-Cherbourg » et n’est donc pas dans l’optique de la renforcer pour le moment. « Bien sûr, cela pourrait changer dans l’avenir », précise toutefois la compagnie. Wait and see. Eve CHALMANDRIER |
[ Un potentiel de 3 millions de tonnes de fret ] ◗ Selon une étude de l’Irish maritime development office sur les implications du Brexit, 150 000 poids lourds irlandais et 3 millions de tonnes de fret (dont 2 millions pour les exportations) traversent le Royaume-Uni chaque année pour rejoindre le continent européen. Soit 38 % des exportations irlandaises par voie maritime. Les produits frais, dont les produits de la mer, sont particulièrement concernés. |
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