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Homard : des volumes historiquement hauts

Les débarquements du prestigieux crustacé sur la côte Est des États-Unis et du Canada n’en finissent pas de progresser. Une aubaine pour les exportateurs.

 

Les captures canadiennes 2019 de homards s'envolent
vers les 100 000 tonnes… un record !

(Crédit : D.G.)

558
millions de dollars
Le montant des exportations américaines de homards en 2019, dont plus de la moitié à destination du Canada.












 

Plus de 100 000 tonnes de homards canadiens débarqués sur une année, ce serait un record ! Mi-avril, les données chiffrées 2019 n’étaient pas encore validées par les statisticiens du ministère des pêches du Canada. Mais il semble bien que, après deux années à 97 000 tonnes, le seuil symbolique ait été franchi. De 20 000 tonnes au début des années 1980, les débarquements sont passés à 40 000 tonnes dans les années 1990, puis sont montés en flèche à partir de 2000. « Tout le monde pense : « Ça finira par s’arrêter un jour », mais personne ne peut dire quand », commente Yannick Dheilly, délégué commercial à l’ambassade canadienne en France.

L’efficacité des mesures de gestion de la ressource constitue l’une des raisons de cette abondance, en particulier la limitation à 300 casiers par bateau. Mais est-ce le seul facteur ? Les pêcheurs ont coutume de dire que, prédation sur les œufs oblige, quand il y a moins de poissons, il y a plus de crustacés. Or, en dépit du moratoire de 1993 à 2003, les stocks de cabillaud, effondrés dans les années 1990, ne sont toujours pas revenus aux niveaux antérieurs.

Au Canada, 43 des 45 pêcheries de homard sont de type côtière, c’est-à-dire à moins de 15 kilomètres des côtes et à moins de 40 mètres de profondeur. On compte plusieurs milliers de pêcheurs titulaires de permis. Les volumes les plus importants sont issus du golfe du Maine, de la baie de Fundy, du sud du golfe du Saint-Laurent et du long des côtes de la Nouvelle-Écosse.

Côté américain, les débarquements de homards restent aussi à un niveau élevé : entre 65 000 et 70 000 tonnes depuis 2012. La côte Est compte sept zones de pêche. Dans le golfe du Maine et sur le banc Georges, les stocks sont au-dessus des objectifs. Ils sont en revanche inférieurs dans le sud de la Nouvelle-Angleterre.

En dépit de la forte concurrence entre les origines États-Unis et Canada, il existe une complémentarité. Contrairement aux pêcheries du Maine, focalisées sur la période estivale, au Canada, Clearwater est organisé sur deux saisons de pêche : de fin novembre jusqu’à début janvier, et de mai à début juillet. Soit la période d’avant la mue et pendant laquelle les homards contiennent une quantité importante de chair, avec un taux de protéines au maximum.

La complémentarité entre les deux origines vaut également sur le type de produits. Forts de leur immense marché domestique, les Américains font traditionnellement moins de transformation tandis que les Canadiens, eux, exportent proportionnellement beaucoup de homards surgelés : 28 000 tonnes l’an passé. En France comme ailleurs, sur le marché du homard surgelé à destination des GMS et des freezer centers, une bascule est en train de s’opérer en matière de conditionnement. Les boîtes recyclables en carton font de plus en plus concurrence au format historique, au sachet plastique avec glace.

Les exportations de homard vivant d’Amérique du Nord entrent pour leur part en concurrence directe avec le homard européen. Grâce aux viviers réfrigérés et à la mise en dormance, les opérateurs peuvent aujourd’hui optimiser les flux et faire tampon entre les volumes pêchés et les expéditions. Le stockage à long terme, dans une eau réfrigérée, et avec une séparation des crustacés par taille, peut atteindre quelques mois. Il est toutefois réservé aux homards les plus pleins, les mieux à même de supporter d’abord cette phase de dormance, puis le voyage par avion. Les taux de survie et le maintien de la qualité de la chair sont évidemment des paramètres clés à maîtriser pour envisager le développement de cette technique.

 Bertrand GOBIN

Retrouvez notre dossier complet : États-Unis/Canada : La côte Est dans la tourmente du Covid-19


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