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Greenland Seafood s’offre Gelmer

La filiale de Pickenpack Europe, installée à Wimille (Pas-de-Calais), vient d’être rachetée par Greenland Seafood. Une opération qui pourrait lui donner un second souffle.

Fonctionnant déjà en 3 x 8, 5 jours sur 7, l’usine de Wihelmshaven de Greenland Seafood était proche de la saturation. Allen Jensen et Patrick Barinet, ses deux codirigeants, cherchaient à s’agrandir. L’acquisition de Gelmer leur offre cette opportunité.

 

[ Une reprise plus difficile
de Pickenpack en Allemagne ] 

Pickenpack Europe détenait deux sites de production en Allemagne, une usine à Riepe et une à Luneburg.
◗  La plus ancienne, celle de Luneburg, qui produit 35 000 tonnes par an d’enrobés, devrait fermer le 30 juin 2016. À moins d’un rebondissement, attendu par une partie des professionnels, ces tonnages pourraient offrir des possibilités de croissance aux autres acteurs du marché, dont les structures ne seraient pas saturées.
◗  L'usine de Riepe vient d’être reprise par Trident Seafoods. L’Américain, grand producteur de colin d’Alaska, s’intègre verticalement et révèle ses ambitions européennes. Greenland Seafood avait été intéressé par le site, situé à 1 h de Wihelmshaven. Mais à l’époque,
l’administrateur judiciaire souhaitait vendre les deux unités ensemble.

 

Patrick Barinet et Allan Jensen, les deux codirigeants de Greenland Seafood, entreprise spécialisée dans la fabrication de poissons panés et enrobés, basée en Allemagne, connaissent bien Gelmer. Le premier en fut longtemps le directeur commercial et le second le responsable de l’usine. L’un comme l’autre ont à cœur de « sortir le plus vite possible Gelmer du rouge », souligne Patrick Barinet. « Actuellement, les volumes qui sortent du site ne sont pas suffisants pour le rentabiliser. Nous pensons basculer la production de 8 000 à 10 000 tonnes de notre usine de Wilhelmshaven vers Wimille. De quoi doubler sa production d’ici à deux ans et permettre un retour à l’équilibre. » Une déclaration qui rassurera sans nul doute les 200 salariés de Gelmer sur leur avenir, sans inquiéter leurs 400 homologues allemands.

Au sein de l’usine allemande, on frise la saturation dans le bâtiment de 8 000 m2 dédié aux très grandes séries. En transférant en France la production des séries plus courtes, qui répondent aux besoins de la restauration et nécessitent des lignes de production flexibles – comme en détient Gelmer –, Greenland Seafood pourrait alors installer des lignes qui transforment en 30 minutes les blocs de colin d’Alaska en bâtonnets mis en boîtes, prêts à être livrés, dans son second bâtiment de 4 000 m2. « Nous avions besoin d’augmenter nos capacités, rappelle Patrick Barinet. Trois solutions s’offraient à nous : sous-traiter, racheter ou construire un troisième bâtiment. Nous cherchions donc des opportunités quand celle de Gelmer s’est présentée. »

Outre la souplesse de son outil de production, Gelmer séduit Greenland Seafood avec sa structure R&D et ses avancées sur l’enrobage. C’est donc à Wimille que sera installée la cellule R&D du groupe. Commercialement, les deux sites ne sont pas positionnés sur les mêmes marchés : ils sont complémentaires en termes de spécialités et de marchés géographiques, Gelmer ayant su conquérir le cœur des Anglais quand Greenland Seafood fait partie des acteurs phares en Allemagne. Peu de synergies sont à attendre dans le domaine commercial.

Reste que tout n’est pas idyllique. Avec un déficit de 4,4 M€ pour un chiffre d’affaires de 57,5 M€ en 2014-2015, la situation de Gelmer reste fragile. Si Greenland Seafood s’est engagée à lui permettre de rembourser ses lignes de crédits et solde, avec la reprise, une partie des impayés, il n’en reste pas moins, que le secteur des enrobés en MDD demeure sous haute pression. Ce n’est qu’en regardant chaque ligne de dépenses à 4 zéros après la virgule que l’usine allemande dégage 1,24 M€ de bénéfices pour un chiffre d’affaires de 186 M€.

Céline ASTRUC

 

 

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