Fin du service de prévisions d’apports en criées
Le « bulletin météo » des apports quotidiens sous criées françaises n’est plus. Sauf si le service, assuré jusqu’alors par l’OP Vendée, trouve une instance relais.
25 criées fournissaient chaque jour leurs prévisions, un outil très utile au mareyage qui vient de disparaître. |
Visualiser en un seul coup d’œil les apports quotidiens sous criées de Fécamp à Arcachon était pourtant bien pratique. Surtout à l’heure de l’interconnexion et de la vente à distance, chaque abonné pouvait instantanément avoir une tendance nationale et anticiper des achats en fonction des opportunités. L’imparfait s’impose car ce service d’intérêt général, assuré pas la seule OP Vendée, n’existe plus depuis le 1er décembre. « Nous n’avons plus les ressources humaines et financières pour continuer, regrette Sébastien Chauvet, directeur adjoint de l’organisation de producteurs ligériens. Comme la météo, notre bulletin quotidien donnait une vision d’ensemble bien utile aux mareyeurs. On a fait notre part de 2010 à 2017, à d’autres de prendre le relais. » Le travail en lui-même est relativement simple à réaliser. « La collecte des prévisions de débarquements s’effectue en se connectant directement au portail d’une criée, par fax, mail ou téléphone », explique-t-il. L’information saisie sur un tableau Excel était diffusée à midi puis à 16 heures, après un affinage des prévisions. Synthétique, l’outil couvrait une soixantaine d’espèces réparties sur 25 criées. « Certaines ont vraiment bien joué le jeu, au point que les prévisions calaient parfaitement aux apports », souligne le responsable. Assuré au quotidien, ce travail de transparence a nécessité l’équivalent d’un temps partiel à 80 % financé par l’OP. « En pratique, deux salariés suivaient les prévisions une partie de leur temps. L'une est partie en retraite et n’est pas remplacée. » L’utilité d’un tel service s’impose tellement qu’il s’est trouvé victime de son succès. Seulement cinquante mareyeurs payaient l’abonnement d’un montant de 250 euros par an, ressource propre nettement insuffisante pour couvrir un budget équivalent à 30 000 euros par an, coûts salariaux et indirects inclus. La raison est simple : la prévision s’est très vite retransmise entre opérateurs et trop peu d’entre eux ont vu la nécessité d’acheter le service. Du coup, l’information payante est devenue gratuite alors qu’elle a un intérêt marchand. Fait confirmé par des mareyeurs étrangers qui en disposaient sans abonnement…, mais bien contents d’avoir la température des apports en France avant d’exporter. Pour Sébastien Chauvet, « l’avenir d’un tel dispositif est la gratuité pour assurer collectivement la prévision ». Ce qui suppose des subsides publics et/ou interprofessionnels dans une optique de transparence du marché. Bruno VAUDOUR |