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Farine et huile de poisson : indispensables… mais remplaçables

Lionel Flageul

 
Eumofa a publié en septembre un rapport sur le marché de la farine et d'huile de poisson dans l’Union européenne. Sans surprise, ces produits sont massivement utilisés pour l’alimentation aquacole (78 % des volumes de farine, 68 % d’huile). Ils sont issus de la pêche minotière de poissons fourrages tel que l’anchois, le sprat, le lançon, le merlan bleu ou encore le hareng. Sur les 90 millions de tonnes de captures mondiales, 15 millions sont transformés en farine et huile. En  2020, la production mondiale de farine s’élevait à 5 millions de tonnes, et celle d’huile à 1,25 million.

Premier producteur du monde, le Pérou fournit 20 % de la farine et de l’huile sur le marché. Un poids si lourd que les variations du prix péruvien se répercutent sur les cours mondiaux. Autres producteurs majeurs : la Chine, la Thaïlande, le Vietnam et les États-Unis. Côté européen, les plus gros producteurs sont le Danemark et la Norvège : 390 000 tonnes de farine et 120 000 d’huile à eux deux. La farine est consommée à 34 % en Chine (qui représente 77 % des exportations péruviennes), à 35 % dans d’autres pays asiatiques, à 9 % en Europe (essentiellement en Norvège), à 11 % en Amérique latine (essentiellement au Chili), et à 7 % au Moyen-Orient (essentiellement en Turquie). La consommation d’huile se fait à 41 % en Europe, à 20 % en Amérique latine, 11 % en Chine, 12 % au Moyen-Orient, et 8 % en Asie. Riche en oméga 3, l’huile est à 71 % consommée par les saumons et truites d’élevage. En 2019, 19 % du volume des débarques à l’échelle de l’UE étaient destinés à la production de farine et d’huile, mais cela représentait seulement 3 % en valeur.

Depuis  2017, la production de farine et d’huile en Europe tend à baisser pour plusieurs raisons : moins de protéines animales dans les aliments aquacoles, davantage de consommation humaine de poissons bleus, baisse de quota sur certaines espèces. Dans l’UE, le Danemark domine le marché   : en volume, il représente 84 % des débarques de poissons fourrages, 50 % de la production de farine, et 35 % d’huile. Au final, 43 % de la valeur halieutique danoise est créée dans cette industrie. L’Espagne est le second producteur de l’UE (15 à 18 %), avec comme matière première les co-produits issus des usines de transformation et non du poisson fourrage pêché. La filière européenne décline, pour les raisons évoquées plus haut. Au Danemark, la production a baissé de 55 % dans les vingt dernières années, et le nombre d’usines est passé de 20… à trois   Les prix se tiennent, notamment du fait de la hausse de la demande chinoise.

La balance commerciale de l’UE est négative (farine  : - 48 500  t, - 2 M€  ; huile  : - 43 000 t, - 46 M€). Pour la farine, l’écart entre les imports et exports se réduit d’années en années. Les exportations restent stables en volume et augmentent en valeur, alors que les importations baissent, la farine étant remplacée par d’autres protéines dans l’alimentation aquacole. Les trois plus gros fournisseurs de farine de l’UE sont le Pérou, la Norvège, et le Maroc. Ces importations arrivent à 24 % en Allemagne, à 22 % au Danemark et à 13 % en Espagne. Les pays clients de l’UE sont la Norvège (39 % de la valeur et des volumes), le Royaume-Uni et le Canada. Les plus gros importateurs d’huile sont la Norvège (33 % des volumes, 24 % de la valeur), le Maroc, le Pérou, et les États-Unis. 50 % des importations d’huile arrivent aux Danemark, non pas pour l’aquaculture, mais pour l’alimentation des volailles et des porcs.

À l’avenir, la production européenne pourrait augmenter légèrement, davantage pour répondre à la demande étrangère que pour sa propre consommation. Les aliments aquacoles changent en effet rapidement, et utilisent de plus en plus de protéines alternatives : krill, algue, insecte, soja, etc. Le changement climatique devrait également avoir un impact, les espèces de poissons fourrage étant très sensibles aux aléas météorologiques.

Vincent SCHUMENG

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