FACE À LA PÉNURIE D'ANCHOIS
La rareté de l’anchois au Maroc inquiète les cinq transformateurs français qui se trouvent privés de leur principale matière première. La FIAC sonne l’alerte.
Si en France, cinq entreprises transforment près de 6 000 tonnes d’anchois par an pour les proposer en filets salés, marinés, roulés… beaucoup de ces petits pélagiques viennent du Maroc. La fin du moratoire sur l’anchois Français ne permet pas de satisfaire la demande. Les faibles quotas français, 1 710 tonnes, trouvent preneurs en Espagne sur les marchés du frais. Sous les criées françaises, en août 2014 le kilo d’anchois se négociait 2,20 €, loin des 3,14 € d’août 2013, mais proche des cours atteints par l’anchois dans les criées marocaines où les années ordinaires il se négocie autour de 1 €.
L’explication : « au Maroc, les captures d’anchois sont réduites de 70 % par rapport à une année ordinaire, indique Sauveur Miceli, de la conserverie provençale éponyme, rencontré au salon de Barcelone, fin septembre. Et déjà l’année 2013 avait été mauvaise et nous avions dû attaquer nos stocks très rapidement.»
La pénurie de matière première se conjugue en parallèle à une intensification de la concurrence à l’achat exercée par les opérateurs italiens et espagnols, friands de ce petit poisson argenté et prêts à y mettre un prix plus élevé.
La FIAC, la fédération des industries d’aliments conservés, évoque dans un communiqué les difficultés de certains acteurs français à répondre aux demandes de livraisons de produits finis. Sauveur Miceli s’inquiétait « des effets du manque pour le second trimestre 2015 ». Sauf à trouver des alternatives.
Or elles ne sont pas sous les criées françaises. En Croatie, la campagne de pêche n’a pas été très bonne, en Argentine elle a pris du retard ce qui n’est pas bon signe. Enfin au Pérou, le retour d’el Nino, rend les captures d’anchois plus délicates. Sans compter que Sauveur Miceli rappelait que « selon les origines, les anchois ne sont pas les mêmes et n’offrent pas toujours la même qualité ».
Un secteur qui génère 50 M€ de chiffre d’affaires est menacé, sauf à réussir à passer des hausses de tarifs importantes.
C.A.
L’an passé déjà, l’anchois déclenchait une certaine fièvre. Retrouvez notre reportage sur le sujet.
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