En débat : quand le numérique prend la mer

C’était une évidence, mais la pandémie l'a surligné. Le numérique s’immisce de plus en plus entre la mer et l’assiette, les producteurs et les consommateurs. Mais est-il si facile de digitaliser une filière bien spécifique ? Entre espèces sauvages et apports irréguliers, plateforme de vente et e-commerce, comment dessiner l’avenir ? PDM a mené ce débat à découvrir dans le numéro de février-mars. La table ronde s’est déroulée le lundi 11 janvier dans les locaux du Palace à Nantes, dans lequel Hublot a installé ses bureaux. Quelques citations de nos participants (de gauche à droite sur cette photo de groupe, autour du journaliste Dominique Guillot) :

- Max Palladin – Associations des directeurs de criée et responsable des halles à marée. Cette association regroupe l’ensemble des responsables des 34 criées françaises. Lieu d’échanges et de partage, elle est reconnue par les administrations de tutelle comme actrice de la définition et de la mise en œuvre des dispositions réglementaires, notamment sur la traçabilité. En France 60 à 70 % de la production en frais passe par les halles à marée. « La filière est en perpétuelle évolution et la digitalisation l’a accompagnée au cours des trois dernières décennies. Cela va continuer, avec des nouvelles manières d’acheter. Mais à la base, il y aura toujours un humain pour entrer l’information ».

- Charlotte Abadie – Méricq – Directrice du marketing. Petite nièce du fondateur du groupe Méricq, créé en 1960, dont le métier historique est le négoce de produits de la mer. La société s’est développée depuis sur l’amont, avec le rachat de Béganton et Kermarée et est présente aujourd’hui « de l’hameçon à la livraison ». Son siège est à Agen et elle anime 28 sites en France. Charlotte Abadie est arrivée il y a 7 ans, dans le sillage de son père, pour pérenniser l’entreprise. « Les enjeux du numérique sont colossaux. Mais mettre les pieds dans un port de pêche suffit à convaincre qu’il ne révolutionnera pas la filière sans le savoir-faire des hommes. »

- Renaud Enjalbert - Procsea – PDG. Cette place de marché digitale dédiée aux produits de la mer mettait en connexion, depuis 2016, mareyeurs et producteurs, français et d’une dizaine de pays, avec des restaurateurs, poissonniers, distributeurs et grossistes. Cet outil transactionnel est fermé depuis le 31 décembre 2020 et Procsea se concentre désormais sur la mise à disposition de sa technologie aux acteurs de la filière. « Standardisation, transfert de données, référentiel produit… ces mots sont omniprésents dans la filière. Mais il faut avancer et travailler ensemble afin de valoriser toutes les bonnes idées qui essaiment un peu partout. »

- Alexandre Bertrand- Hublot – Co-fondateur et développeur. Créé il y a deux ans, Hublot commercialise un logiciel de gestion des produits de la mer dédiée aux chefs de rayon marée pour assurer le pilotage au quotidien : étiquette prix, gestion, achat vente, promotion, hygiène, traçabilité… L’outil, basé sur l’intelligence artificielle, la reconnaissance de caractère, UX design, est en constante évolution. « La bataille des start-up est de faire comprendre les intérêts, mais aussi les dangers du numérique. Les échanges, et pas seulement ceux de données, sont essentiels pour accompagner l’innovation. »

- Dominique Bertrand – FormaFrais – Fondateur et formateur. Formateur spécialisé dans les produits de la mer depuis 17 ans, avec une vision très complète depuis les halles à marée jusqu’aux distributeurs. Cofondateur de Hublot. Il apporte son expertise au quotidien des chefs de rayon, dont le métier est de plus en plus complexe. « Le sujet est vaste mais chacun avance. Il faut continuer à favoriser le transfert de connaissance, d’informations, entre professionnels investis dans la filière, de la production jusqu’au consommateur. »

Retrouvez l’intégralité du débat dans le PDM 205 de février-mars (6 pages), et sur ce site, en accès abonnés.