De la spiruline, oui. Mais 100 % marine
Connaître en un clin d’œil les taux de gras, de sel, de chair… dans un poisson ou coquillage entier, transformé ou vivant c’est le pari réalisé par Irstea avec ses équipements IRM.
[Retour sur le projet] Cette « pâte » de spiruline
L’idée Les étapes du projet La suite |
Tourbillonnante, Marie-Gabrielle Capodano ne manque ni d’imagination, ni de passion lorsqu’elle évoque la spiruline marine. « C’est un concentré de bienfaits marins que l’on peut utiliser aussi bien en gastronomie qu’en cosmétique », s’enthousiasme-t-elle, invitant les visiteurs du salon de Vannes à goûter des perles de spiruline marine mises au point par Alain Chartier, créateur chocolatier, à déguster une huître agrémentée de son caviar de spiruline, tandis que sur son stand, sa gamme de cosmétique, mise au point avec Ephyla, se dévoile dans un joli panier. La gamme est plutôt large pour celle qui s’est lancée dans un chantier ostréicole, la Nurserie du Golfe, en 2012 seulement. « J’étais arrivée dans le monde des micro-algues en 2003 sur la presqu’île de Rhuys, afin de perfectionner l’alimentation des huîtres qui en sont friandes. Le sujet était passionnant, j’ai eu envie d’en explorer les capacités nutritionnelles pour l’homme en créant la Nurserie du Golfe. » Rapidement, elle concentre ses efforts sur la spiruline, qu’elle souhaite élever en eau de mer. « Il a fallu adapter les souches à ce milieu. Généralement, la spiruline est élevée dans des bassins peu profonds d’eau saumâtre. Souvent, on prend de l’eau douce dans laquelle on ajoute des sels nutritifs. Mais je trouvais dommage d’être si proche de la mer, de ce réservoir d’eau salée, et de ne pas l’utiliser », poursuit-elle. Mais il lui a fallu lever les difficultés relevées par de nombreux chercheurs pour cette production en milieu aléatoire. « Trouver le bon mode de purification de l’eau de mer en était une. Lever les financements une autre, car trop souvent, les rendements en milieu marin étaient très faibles, de l’ordre de 30 % d’un élevage classique », précise-t-elle. En adaptant les techniques utilisées dans les laboratoires de recherche, avec des tubes à essai verticaux, elle met au point un prototype qui lui garantit des rendements proches de 80 % connnus par les bons spiruliniers. Fin 2014 - début 2015, elle lance ses premiers produits finis à base de spiruline grâce au soutien du Miramar. Les responsables de ce grand hôtel thalasso et spa, installé sur le port du Crouesty, à Arzon (56), se stont laissés convaincre par la passion de Marie-Gabrielle et se sont engagés à faire de la spiruline marine leur fil rouge, tant dans les programmes de soins qu’à la carte de leur restaurant, dès qu’elle serait prête. Un coup de pouce qui lui permet d’obtenir des financements afin de monter son chantier pilote Spiru’breizh. En parallèle, la chercheuse se met en quête de partenaires pour développer les produits à base de spiruline marine qu’elle rêverait de pouvoir consommer ou utiliser. Avec Bruno Le Derf, Meilleur ouvrier de France en chocolaterie, c’est une pâte à tartiner au caramel iodé à la spiruline qui voit le jour ; avec Alain Chartier, ce sont les perles et la glace vanille à la spiruline qui sortent ; et avec Thierry Hafnaoui naissent les macarons de la mer. « On peut ainsi proposer un café gourmand autour de la spiruline marine », s’amuse la chef d’entreprise. Mais elle doit désormais peaufiner son modèle économique. En effet, elle vient avec une idée de produit et sa pâte d’extraits de spiruline, mais ce sont les chefs qui en établissent la recette. Pour l’heure, sa participation au projet n’est pas rémunérée véritablement par une licence. Un point qu’elle sait devoir améliorer alors qu’elle devrait ouvrir en mars prochain un nouveau chantier, plus grand, exclusivement dédié à la spiruline marine. Elle vient d’en obtenir le permis de construire à Kerners dans le Morbihan. Un investissement d’importance qui lui permettra aussi d’affiner ses huîtres avec un cocktail à base de spiruline ! Céline ASTRUC, avec Bertrand TARDIVEAU
|