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Crustacés : un marché vivace

Crédit : Lionel Flageul

 

Dossier : Julie Lallouët-Geffroy

 

Les ventes de crustacés se maintiennent bien en GMS et poissonneries, de quoi compenser les pertes dans le secteur de la restauration. Mais les volumes ne sont pas toujours au rendez-vous avec des captures en baisse sur le tourteau,et, à l’inverse, en hausse sur la langouste.

Alors que la pandémie a paralysé la planète et enfermé les popu lations chez elles, du côté de la pêche, le séisme n’a pas mis lesflottilles sens dessus dessous. « Il y a eu un mois de flottement en avril 2020, ensuite dès le mois de mai les ventes sont reparties à la hausse, notamment en GMS, constate Erwan Dussaud, directeur commercial de Béganton. Dès mai-juin, tous les bateaux sont ressortis progressivement pour un retour quasi à la normale. »

Les habitudes de consommation ont évolué faute de restaurants ouverts. Les ménages ont dû cuisiner beaucoup plus et ont essayé de se renouveler. La GMS a tiré son épingle du jeu tout comme le commerce de proximité avec les poissonniers. Les ventes chez le producteur se sont développées et certains mareyeurs ont ouvert des espaces de vente pour les particuliers. Là où les affaires ont relevé de l’acrobatie c’est sur le volet import et export avec les ouvertures et fermetures de frontières. Les exportations vers des pays consommateurs de crustacés tels que l’Italie, l’Espagne, et dans une moindre mesure le Portugal, ont été difficiles.

À cela s’ajoute la mise en application du Brexit le 1er janvier 2021. Le Royaume-Uni est devenu un pays tiers devant se soumettre aux mêmes règles administratives que tout pays hors Union européenne. Une adaptation a été nécessaire : « Les délais de dédouanement se sont allongés et les fournisseurs ont répercuté ces coûts sur les prix d’achat. Le tout conjugué à des pêches plutôt faibles », relate Xavier Marette, directeur des Viviers de Locarec, rattaché au groupe Océalliance, qui importe des coquillages et crustacés d’Irlande, Écosse et Angleterre. Ainsi, il a acheté cette année du tourteau à 4 euros le kilo contre 3,20 l’an dernier : la conjugaison de la hausse des coûts à l’importation et des captures particulièrement faibles sur cette espèce. « Les marchés sont très tendus au niveau de l’approvisionnement. Les prix de vente se sont maintenus et le marché reste dynamique. »

Le Royaume-Uni est un producteur important de crustacés mais pas un pays consommateur. Il irrigue habituellement le marché européen mais l’application des mesures du Brexit a largement freiné ses exportations. Cette concurrence en moins a été une aubaine pour la pêche française qui a pu écouler ses stocks tout en maintenant ses prix. En revanche, les importateurs ont perdu une importante source d’approvisionnement, ce qui a pu mettre certains en difficulté.

 

[Brexit, report des règles d’exportation]

Une nouvelle procédure des contrôles sanitaires et phytosanitaires devait entrer en vigueur dès le 1er octobre pour l’exportation de produits vivants vers le Royaume-Uni. La Grande-Bretagne a annoncé mi-septembre le report au 1er juillet 2022 des prénotifications des marchandises et des certificats sanitaires d’exportation. Pour l’importation, pas de changement. Depuis le 1er janvier 2021, il est nécessaire de remplir une prénotification dans le système d’information européen Traces NT et d’être muni d’un certificat de capture. Et ces documents doivent être prêts et enregistrés 4 heures avant l’arrivée des marchandises. « Les Anglais ne sont pas habitués à faire autant d’administratif, ça a freiné les importations », raconte Erwan Dussaud, directeur commercial de Béganton. Le temps de dédouanement s’est allongé et a pu provoquer des retards de livraison : « On a perdu des volumes. »

 

 

 

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